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Tout ce qui est mis en Lumière devient Lumière

J’ai marché sur Ses mains avant de marcher sur l’eau. J’allais avec le Coeur en avant et pourtant les ténèbres restaient consistantes et sévères. Depuis l’enfance et la naïve petitesse de l’Attente, je cherchais et je ne trouvais pas. Je cherchais dans le Monde, dans la lumière et les histoires. Je cherchais dans un autre la force et la solidité. Et, parfois, il est arrivé que cela soit bon et lumineux. Mais la fragilité t’explose en face car l’Ignorance est une bombe à retardement. Alors tu reprends ton chemin, et ton petit courage te porte sur la route. Et les jolies tendresses du Monde aussi. Un peu. Et de nouveau des voyages et des montagnes. Des attentes et des douleurs. Et puis vient la petite plaine, parce que la Vie sait être bonne. Tu bois à la fontaine d’un repos qui, pour être bien mérité, n’est pas encore certain. Il y a pourtant cette petite Eau Pure, ce calice vivant qui coule à l’intérieur de toi. Et tu ne sais d’où elle vient ni où elle va, car c’est le propre de l’Eau. Et c’est cette Eau qui te porte encore quand ton âme s’apparente à de la glace, au rude hiver d’une saison infernale. Et tu observes que tout le feu des enfers ne te réchauffe pas mais entretient ta souffrance. Et cette fausse lumière t’entraîne à croire que c’est là que tu dois vivre. C’est la puissance d’un mensonge qui n’éclaire que ton égo et te maintient dans l’illusion d’une damnation qui serait éternelle. Et quand je parle de l’enfer, je parle ici de cet endroit sur la Terre qui te porte. J’évoque le propre enfer qu’est l’oubli de toi-même et de ta puissance. Non pas une misérable puissance égotique, non pas le plus minuscule et le plus pathétique de ta personne. Non. J’évoque ta Lumière et le Silence des profondeurs. Car cette Lumière creuse un trou à l’intérieur de toi, aussi sûrement qu’elle apparaît chaque matin pour la Vie. C’est cette Lumière là que tu dois retrouver comme si ta vie en dépendait. Car tant que tu crois que tu n’as besoin de rien c’est que tu as mort. Et c’est pour te réveiller que la Vie t’ouvrira les bras afin que tout s’en aille de toi. Tes amours, tes biens, tes enfants, tes voyages et toutes tes histoires.

Enfin, tu seras devenu léger, l’Eau pourra te porter.

C’est dans le calme et la confiance que sera ta force

Avant d’atteindre le jour de ta présentation au monde, tu devras demeurer dans le désert. Et cette idée même peut déplaire au personnage que tu mets en scène tous les jours de ta vie. Je comprends que cela puisse froisser les ailes minuscules que tu t’aies fabriquées au fil du temps. Et quand je dis au fil du temps je parle de tous ces jours que tu as fait tiens depuis ta mise au monde. Car tu crois encore que tu es né quand tu ne fais que survivre, aux dépens de toi-même et des autres aussi. Et dans ta petite et possessive création, tu te crois maître des lieux. Tu tournes dans ton petit cercle de « pouvoir créatif » avec toutes tes prétentions de libération de toi-même et des autres. Et je crois bien que la Vie se moque bien de ta collection de petites images intentionnelles. J’irais même jusqu’à dire qu’Elle pourrait en rire si ce n’était pas si désespérant. D’un point de vue humain je veux dire. Car la Vie ne désespère jamais de toi, cela se saurait. Elle continue encore et encore de venir à toi avec une patience infinie et très tendre. Et la tendresse de l’Amour prend parfois des tournures soudaines qui nous paraissent inappropriées. Tu voudrais la petite comptine de l’enfance, la jolie boîte à musique censée t’offrir tout ton tas de jolis rêves. Et voilà que, parfois, c’est le tsunami de l’épreuve à laquelle tu crois pouvoir résister. Et le meilleur de l’histoire, c’est quand tu dis “ne pas vouloir y résister”, (je me dois de reconnaître que tu as bien appris ta leçon). J’observe que tu mets en place toute une stratégie intérieure et très humaine qui ne te mènera nulle part. Pas là, en tout cas, où tu crois vouloir aller. Les stratégies du Monde ne sont que de fausses lumières. Ton développement personnel est le médiocre chemin de compensation à toutes tes pertes. Bon, ce pourrait être un début (et je dis ça simplement parce que je ne veux froisser personne). Mais enfin, ne vois-tu pas que tu es perdu ? Perdu en toi-même, perdu avec les autres que tu n’arrives pas à comprendre parce que tu te connais si mal ? Tu poursuis une quête inutile qui est la quête du « moi-même » dans le Monde. Tu résistes à l’Amour qui pourrait bien te dissoudre. Laisse-moi corriger, qui très certainement te dissoudra. Mais cela, tu ne le veux pas. Tu veux poursuivre des rêves chimériques d’accomplissements personnels, romantiques, sexuels, financiers, artistiques, voyageurs et lointains, et quoi d’autre encore ? Tous ces accomplissements de toi-même te laisseront dans ton enfer. Ils sont inutiles et vains. Toute la souffrance du monde est là pour que tu t’en souviennes. Toute ta souffrance est là pour que tu ne t’endormes pas complètement. Voilà pourquoi tes boîtes à musique ne te seront d’aucune utilité. Elles sont la voix des trompeuses sirènes qui t’entraîneront vers le fond. Et toi, tu te laisses glisser avec délectation vers le sombre et l’oubli de ta merveilleuse Nature. Tu crois que tout ce qui brille, qui chante ou qui semble nouveau, a de la valeur. Tu es simplement très paresseux, tu laisses tomber à terre tout ce qui pourrait te sauver de ton « toi-même ». Et peut-être même, ici et maintenant, ce que j’essaie de te dire, cela aussi tu le laisseras passer. Et tu dis encore « je sais » quand je te dis cela, parce que tu n’as pas encore renoncé à ce qui, en toi, croit savoir : ton Ego spirituel est dangereux pour nous tous.

Ce « savoir » me montre simplement que tu es encore plein de toi-même et que tu n’as pas capitulé devant la Vie. Ou l’Amour. Ou Dieu. Tu feras ton marché avec les mots qui te conviennent (là encore, je ne voudrais reveiller personne). Comme tu as toujours fait, devant ce que tu ne comprends pas, ce que tu n’as toujours pas vu, et toujours pas entendu. Perdu tu es, perdu tu resteras jusqu’à ce que l’air devienne irrespirable ou manquant, jusqu’à ce que tu cesses de vouloir avoir raison pour justifier le mal chez l’autre, l’injustice chez toi, ô pauvre petite personne que tu es, ballottée par des flots incertains et de soudaines tempêtes personnelles. Et tu n’accomplis rien de ton Essence venue ici pour mettre fin à la misère intérieure de chacun. Tu te vis tantôt au sommet de la montagne et tu attends un brillant futur, un amour éternel, un fabuleux voyage. Puis tu te regardes sombrer dans les abysses. Avant de rebondir encore grâce à de pitoyables et fragiles montgolfières.

Bien sûr, les problèmes du monde, les injustices et les violences, mais tant que tu te croiras dans le camp des « bons » rien de ce que tu nous apportes ne viendra nous aider. Si seulement tu pouvais te taire, ton silence pourrait laisser passer la Lumière. Tu pourrais enfin ouvrir ton Coeur et tout laisser tomber. Capituler. Abandonner, enfin, ta petite et délicate « volonté personnelle «  de vouloir changer, t’améliorer. Il ne s’agit pas de t’améliorer : l’enfer, dois-je te le rappeler, est pavé de toutes tes bonnes intentions. Pourquoi vouloir arranger le médiocre et la petitesse ? Pourquoi vouloir garder l’illusion de pouvoir aimer vraiment ? D’où te vient cette idée bizarre que cela même est possible ? Les pâles qualités de ta petite personne que tu tentes à « vouloir développer » finiront bien par ressortir un jour sous ce vernis de piètre consistance que tu nommes « amélioration ».

Il suffit d’attendre.

Va dans ton désert et fais face, enfin, à ta souffrance, tes limitations et tes repères trompeurs. Tu verras, peut-être, que tout cela n’a pas d’autres origines que ta misérable condition sur cette terre. Tant que tu ne demandes pas Grâce, tu ne pourras pas en sortir. Chercher à l’extérieur de ton Coeur est le chemin de toutes tes désillusions. Il est à l’opposé même des retrouvailles que tu cherches.

Reviens à toi, apprends à pousser de l’intérieur plutôt que de repousser tout ce qui te dérange et que tu crois en-dehors de toi. (Note que j’apprécie ton sens de l’humour, mais celui-là risque fort de t’être préjudiciable).

Tes propres forces, aussi louables soient-elles, sont vouées à la mort. Il est temps.

Cesse d’alimenter ton mental à vouloir chercher des causes à tout ce qui t’arrive, des raisons à tout ce qui te pèse et deviens un Être courageux. Prends le chemin du retour. Car la souffrance n’est ni à vouloir, ni à accepter : elle est à vivre. Laisse-la te traverser, fais « corps » avec elle et plus rien ne fera obstacle à cet Amour que tu cherches puisque l’Amour, c’est Toi. Laisse circuler le Divin, le Plus Grand, le Plus Puissant. Alors tu pourras nous atteindre aussi. Laisse ta « personne » qui n’est personne, ton minuscule et pourtant très suffisant « moi » se retirer. Toutes tes défenses que tu justifies et qui nous détruisent : reconnaît-les. Définitivement. Renonce. Alors, tout en toi circule et revient à la Vie. Alors plus rien n’est à réparer puisque tout est nouveau et que tout en toi renaît.

Tu redeviens pour nous Dieu sur la terre. Et je redeviens pour toi Dieu sur la terre. Nous sommes tous ces Dieux intérieurs, reliés entre nous par la Grâce du Dieu Créateur des mondes. Cette Source qui nous porte avec son Souffle, celui-là même qui te permets à l’instant de respirer sans que tu y prêtes attention.

Reviens Te retrouver. Retrouve le calme et la confiance. De là naîtra ta Force, ta Paix. Toute la Clarté dont le Monde a besoin pour s’éveiller.

L’Arbre de la Grâce

Quand naît la douceur de l’automne, tu choisiras ton feu, tes rouges et ta brûlure. Tu iras vers l’arbre tombé, asséché, ses moisissures et ses feuilles allumées. Tu verras le coeur de la Source dans tout ce qu’Elle fait, pour la mort comme pour la vie. Pour aujourd’hui, comme pour toujours. Cette flamme, minuscule, peut-être, te parle au cœur de ta saison, quand les jours s’assombrissent et que ton ciel pâlit. Quand la nuit tombe et que les jours disparaissent prématurément, s’exalte ta lumière posée sur ton sel, ta larme et l’abandon de toi-même.

Sur l’Arbre de la Grâce tu pourras accrocher tous tes cœurs, ton âme et ton corps avec. Et moi, je viendrai, juste pour toi, contempler ta chair briller dans le noir. Et toi, posé sur cet Arbre, tu t’abandonneras à l’Amour que tu es et que retient le Monde. Tu voudras t’envoler, (c’est un souvenir que tu gardes encore, qui parfois te fait souffrir car ta chair est faible, merveilleuse et pourtant souvent triste). Avant les tendres ailes qui te porteront jusqu’à la Maison, n’oublie pas que tu as choisi de te poser là, tout au milieu de nous.

Souviens-toi que cette Vie est faite pour toi : tu as toujours ton mot à dire. C’est pourquoi les meilleurs d’entre vous se retrouvent à genoux, les petits cheveux dans les yeux et de la boue sous la langue. C’est normal, avec cette terre qui bouge tout le temps, qui fait dans l’espace tous ces petits ronds. C’est pourquoi tu ne dois pas fixer tes yeux dans les yeux du grand soleil, mais bien plutôt le chercher à l’intérieur de toi. Il arrive qu’il brûle mais c’est pour les grands froids. Pour toutes ces heures qui n’arrivent qu’à toi, du moins c’est ce que tu crois. Mais toutes ces heures sont bleues, et noires, et rouges, aussi. Elles sont comme toi, elles sont comme nous, de petits pétales comme de tendres mains qui te poussent en avant et te disent « Souviens-toi, s’il-te-plaît, ramasse tout ce que tu laisses tomber à terre avec tant de négligence et par manque d’attention. Que ta nuque soit souple sans servilité, ton coeur odorant sans duplicité et tes yeux plus souvent clairvoyants que fermés. Pourquoi ne vois-tu pas que tu n’es jamais seul, jamais oublié, toujours aimé ? Ton coeur est sec, dispersé, affamé, toujours à chercher au mauvais endroit. Et tu le poses n’importe où, n’importe comment, pour n’importe quoi, et souvent, pour n’importe qui. Ramasse tout ce que tu laisses tomber à terre, avec tant de négligence, et par manque d’attention ».

Nulle gloire alors, et même pas de la petite tendresse humaine. Rien. Ou vraiment pas grand-chose, il faut le dire.

Quand naît la douceur de l’automne, tu choisiras ta danse, ta puissance et ton chant. Tu iras vers l’Arbre tombé, ses déchirures et ses feuilles allumées. Tu déposeras à ses pieds tous les petits cadeaux de ta vie, tout ce dont tu te souviens, tout ce que tu n’as pas oublié. Alors l’Arbre pliera jusqu’à toi, simplement. Il aura, posé sur ses claires et tendres feuilles, tous les embrasements que tu cherches, toutes les joies que tu attends et toutes les grâces à venir.

Avoir une vie

Il y a cette voix à l’intérieur de toi qui te parle. Je n’évoque pas ici tes complaintes et tes scories, la petite histoire mentale de ton jour. Je veux dire, cette voix, au plus profond, qui essaie de t’ouvrir vers la Lumière et la Joie. Quand la douleur est forte, la déchirure est profonde. Quand l’inutile regret frappe à ta porte, c’est que ton regard ne se porte pas au bon endroit. Tu regardes en arrière, tu espères en demain, tu oublies que l’espoir te déplace vers un temps qui n’existe pas. Et tu perds ta vie en croyant la poursuivre. Ton Coeur ne brûle pas encore assez. Le trou n’est pas assez grand, la plaie pas assez profonde. Certains d’entre nous ont l’intense résistance de ceux qui ne veulent pas céder. L’orgueil des petites guerres et des petites victoires. Ô les jolis enfants dans les jardins, qui se prennent pour des adultes, des grandes personnes qui n’ont décidément de grand que les chagrins d’une enfance mal aimée. Et ça combat dans les taillis, ça s’aime et ça se cache. Ça se perd et parfois, même, ça s’assassine et ça se tue. Le temps n’est pas méchant, mais c’est ta volonté de ne pas vouloir guérir qui nous fait mal. C’est le mouchoir que tu mets dans ta poche en prévision des jours à venir. Toutes ces amertumes, ces règlements de compte, voilà ce qui nous abîme. Toutes ces mamans qui ne vous ont pas assez câlinées. Tous ces papas qui n’ont pas su vous porter. Et ça pleure et ça crie, ça fait un gros bruit et de gros sanglots. Tu oublies l’essentiel : avant l’adulte, l’enfant. Avant le grand, le petit. Comme toi. Des pas grandi. Des mal-aimés. Comme toi. Il était ton dieu, ton héros : laisse-le s’écrouler. Et sors-la de ton infantile imagination. Descends-les de tes impalpables nuages. La souffrance du manque d’amour en lui, tout ce qu’elle-même n’a pas bien reçu, voilà que je le retrouve chez toi. Pour faire autrement, ils auraient dû grandir, prendre en croissance et en ciel. Mais ils ne l’ont pas souhaité ou ils ne l’ont pas vu ou même, ils n’ont pas su. Et parfois, il te faudra laisser derrière toi ceux que tu voudras sauver à tout prix. Sortir du conditionnement d’un amour filial, marital ou amical. Car il ne s’agit pas pour toi d’accepter la maltraitance et les coups : simplement d’apprendre à quitter sans colère, car alors elle se retournerait contre toi et tu serais blessé de nouveau. Et alors, où aller ? Chacun, ici, fait de son mieux. C’est l’ignorance qui construit les guerres, les séparations et peut-être même, les tremblements de terre. Va savoir. L’ignorance de toi-même, ton ombre projetée, tes histoires qui ne sont même pas à toi et que tu ramasses pour en faire des petits bouquets d’excuses. Mais pourquoi ne pas juste les lancer au bord du chemin ? Alors tu pourrais lever tes mains vers le ciel. Alors ton Coeur suivrait, et même, tes yeux pourraient nous éclairer à cause du regard d’amour vrai que tu nous porterais. Des abysses de tendresse se déverseraient sur nos mondes par la Grâce de ta Clairvoyance. Tu comprendrais qu’il y a un temps pour tout sur cette terre. (Si tant est que le temps existe, ce qui est un mensonge, une petite bille dans un bocal, mais ça n’est pas le sujet). Il est question de toi et de l’état de ta vie. Vois que rien ne te sépare de l’Amour et de la Paix de ta nature profonde. A part ton histoire et un petit orgueil de vie. Un petit qui veut toujours avoir raison et entretient la blessure. Et tu n’es pas plus ton corps que ton mental. C’est pourquoi ton sang ne nous apportera rien, mais ton rire sûrement. La vie, c’est de la balle à faire rouler, de la douceur en pelote et des baisers en pagaille. Quand tu auras vu, tu ne pourras plus faire autrement que de venir t’amuser. Bien sûr, tes larmes et toutes tes émotions remontées, bien sûr, encore tes grands manèges à l’horizon, ta gravité qui te tire vers le bas, qui n’est même pas de la profondeur. Mais ça n’est pas grave, je t’assure. La Vie est un merveilleux clown autant qu’un grand sage. Elle est Christ, elle est toi, elle est moi. Elle est Bouddha, elle est Mère Teresa. Elle est bleue, noire aussi, et Merlin l’Enchanteur. Elle est dans le juge, elle est dans l’assassin. Elle est dans le dictateur, elle est dans le Saint. Elle est dans le pétale, elle est dans le charnier. Elle est dans le clou, elle est dans l’olivier. Elle est dans la vague, elle est dans l’océan. Elle est dans l’onde, elle est dans le chuchotement. Elle est dans ta naissance, elle est dans ta mort. La Vie, « ta » Vie, sur la terre des hommes ne t’appartient pas. Elle est partout, en tout, à jamais. Évidemment. Puisque la Vie, c’est toi.

Iras-tu au bout de tes capacités ?

Ai en ce jour des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, enfin. Ouvre tes yeux avec douceur, mais ouvre-les grands, afin de voir où tu marches et ne pas tomber. Si tu tombes, tu te relèveras, car celui qui reste au sol ressemble à celui qui est déjà mort. Ouvre tes oreilles avec joie et tend vers ton Etoile. Et ta véritable Etoile n’est pas tout là-haut dans le ciel, aussi haute que la terre serait basse et tremblante sous tes pieds en ce jour de terreur. Ton Étoile véritable vit dans la hauteur, la largeur, la longueur et la profondeur de ton Coeur. Elle est ton Essence, ton Être, ta vivante perfection.

Aujourd’hui, c’est un jour important. Car c’est le jour où tu peux choisir entre la Vie et la Mort. C’est le grand jour, fort, puissant, pour le recommencement, le pardon à toi même et la fin de tes violences intérieures. C’est le jour, et c’est aussi la nuit, car l’un ne va pas sans l’autre et chacun tient la main de l’autre dans la sienne. Ils vont toujours pas deux, comme la Vie se défait dans la Mort qui donne aussi la Vie. C’est ta Vie et pour l’instant, en tout cas, tu n’en as qu’une. « Ici » et « maintenant » c’est comme « partout » et « toujours ». Ta vie est, somme toute, très subjective, et dépend du la direction que tu lui donnes. Certains parlent du «sens » , alors réfléchis. Mais ne « réfléchit » pas n’importe quoi…

Vers le Haut ou vers le Bas, tu choisis ta sortie.

Je dis : va vers le Haut, le meilleur de toi-même qui est aussi le Centre. Ne te trompes pas de route. Ne cherche pas tant ton développement que ta réalisation personnelle. Le « développement personnel » pourrait être léger comme une petite plume d’oiseau. Tu croiras t’envoler, mais ta faiblesse te poursuivra. Ta « réalisation personnelle », c’est la racine de l’arbre avant l’éclosion de la feuille. Après la feuille, viendra le fruit, si tout va bien. Et quand je dis « si tout va bien » , je n’évoque aucune fatalité. Je pourrais dire : « si tu vas vers le Bien ». Le bien pour ton corps, pour ton mental et pour ton Esprit. Le Bien, c’est une lumière intérieure qui te guide et que tu sais reconnaître. Et voilà que tu as besoin de tes yeux pour apercevoir et suivre ce Maitre intérieur que tu fuis, possiblement, depuis la nuit des temps. Que vienne cette nuit, enfin, que tu puisses y tomber comme Alice au fond du terrier. Alors, je te souhaiterai d’y trouver la friandise nécessaire à te tendre vers le haut, le meilleur, ce qui en toi accepte de grandir, le ciel si tu veux. Et tu n’oublieras pas non plus d’avoir l’humilité de reconnaître que tu as besoin d’aide car, sans le Ciel, la Terre ne peut rien. Elle ne peut même pas être fécondée. Que viennent la pluie, le vent et les orages. Que chauffent le soleil, le métal, le grain de sable dans ta brûlure.

Quand je parle d’aide, je ne parle pas de celui qui t’accompagne à te prendre en pitié. Vois : en même temps qu’il appuie sur ta plaie, il entretient la sienne. Et s’il y a un temps pour faire crever cette blessure qui t’immobilise, il y a un temps pour cicatriser et se mettre debout. Et toi, tu veux juste dormir encore un peu, attendre que « ça » passe, quand c’est toute ta vie qui passe pour ne plus revenir. Et tu te plains, et la lumière te quitte à chaque mot que tu prononces. Tu ne vois pas que l’obscurité, c’est toi qui la pousse. Le fruit est amer et tes larmes aussi. Tout le sel est dans les larmes et pourrait te donner la vie si seulement tu voulais bien grandir. Tu pourrais être « le sel de la terre et la lumière du monde », à condition de te connaître. En vérité, tu en connais tellement sur toi-même, et si peu de toi-même. Ton jugement t’aveugle, car tu ne l’as pas trempé dans l’Amour. Observe et comprend. Sois intelligent, adaptable plus qu’adapté.

Fortifie-toi, prends courage, reconnais le Bon en l’autre, le Bon en toi qui donne la main au Mal que tu rejettes. Mais le Mal n’est que l’absence du Bien, tout comme l’Obscurité est l’absence de la Lumière. Ils n’iront jamais l’un sans l’autre et sont à jamais jumeaux sur la terre.

La Lumière éclaire le Bon, le bon de ce Souffle qui t’anime et te prête Vie. Car ta vie est prêtée et tu cours toujours vers je ne sais quelle destination propice à ton effondrement. Cet effondrement deviendra salutaire à tout changement. Celui qui en a assez de souffrir ira vers la volonté d’une transformation intérieure véritable. Et dans « volonté » il y a « vouloir ». Celui qui refuse de traverser son propre désert ne peut compter sur la manne offerte à celui qui choisit d’aller vers l’essentiel, autrement dit l’Infini.

Car, qu’est-ce que l’infini, si ce n’est la capacité de porter un regard entier sur toute chose, toute situation, toute personne ? Car qu’est-ce qu’Etre entier, si ce n’est la possibilité de voir le Bien dans le Mal ? Comprends que dans ce que tu qualifies de mauvais et d’obscur, il y a le terreau nécessaire à la clarté, la reconnaissance et la bonté. C’est ce qu’on appelle la clairvoyance : le discernement, pas la divination.

Là où tu as blessé tes mains, tu as vaincu la montagne. Avec ces mains abîmées, ces os brisés et les lambeaux de ta vie, tu dois voir que tu es bien plus que la petite représentation personnelle construite par ton mental et que tu paies à vouloir développer. Tu es ce que tu choisis d’Etre. Et « s’il faut de tout pour faire un monde », saches que tu choisis seul le chemin de ta réalisation.

Aussi, va vers la Vie.

Va vers toi.

Descend vers ta Source.

Et grandit.

L’infusion de la Vie

 

Dans la pluie fine et tranquille de ce jour qui commence en toi, je songe à tes rêves, à tes voyages intérieurs, à tes attentes et tes désillusions. A tous ceux qui sont partis, ici ou ailleurs, à tous les manquements envers l’Amour que tu Es. Ces attentes envers les autres sont souvent des manquements envers toi-même, de petits suintements que tu laisses couler vers le monde pour qu’il te console. Ce que le monde ne fera pas. Non par mauvaise volonté mais par son incapacité même à te consoler. Car le Monde n’est pas fait pour ça. Il est un miroir déformé de ton univers intérieur. Toutes ces guerres, ces violences et ces révoltes, ces jets de pierres et ces tortures cachées dans les prisons. Toutes ces fortes tempêtes et ces puissants effondrements. Toutes ces insultes et ces barbares exactions. Ces coups de couteaux et ces mitrailleuses à tes frontières, ces peuples perdus, errants vers un hypothétique lieu qui ne les consolera pas non plus. Et voilà que tu y participes, avec tous tes petits trous profonds, intérieurs, fétides puanteurs personnelles où la Vie ne pénètre plus.

Alors moi je te dis reviens vers toi. Puisque tu ne pourras rien emporter, puisque tout te quitte un jour pour ne plus revenir, prends maintenant ce que la tendresse peut t’offrir. Ouvre grand tes bras vers notre monde, comme un Christ ouvert aux plus souffrants comme aux plus heureux. Le doux et l’amer. L’épine et la terre. Le sang et l’eau. Accueille-toi et Il te prendra dans ses bras. Car Il est comme un grand soleil sur le mur, la lumière de ton monde où ton ombre est portée. Il est la flamme de ta Joie véritable, consumante, ardente et douce. Il brûle les scories des mensonges et des luttes. En toi, trouve ce Maitre intérieur que tu cherches avec désespoir dans les déformations de ton âme, les scories de tes souffrances. Laisse-toi consumer. La vérité de ta vie n’est pas dans le bruit, les dissipations et l’usure de ton corps mais sous la cendre. Là, ne reste plus rien de toi-même. La vanité de ta vie est une petite buée qui ne fait pas long feu. Ton désir effréné d’une personnelle et petite amélioration disparaît. Tu te laisses prendre, envelopper, tordre et la sueur de ton front creuse un chemin. Sur le chemin, quelques fleurs et des nuages polymorphes. Sur la route, un tout petit enfant, son ballon bleu et ses bonbons dans sa poche. Sur le sentier, de sombres phalènes et de petites étincelles à la volée. La voie, le panneau indicateur, les tendres synchronicités. Le caillou de tes petites misères, la brise de toutes tes espérances, je prends tout. Et toi tu écartes tes mains non plus pour songer à prendre mais bien pour t’offrir. Posé, aligné, ici, maintenant accueillant tout et tous en un même moment. Puisqu’ « ici » c’est « partout ». Puisque « maintenant » c’est « toujours ». Laisse-toi infuser par la Vie qui t’adore à cet instant même. La forme de cette adoration reste un mystère qui pourrait mener ton Coeur à la révolte et je le comprends. Les anges n’ont pas toujours les ailes que tu leur donnes quand ils rassemblent tes démons intérieurs, tes maladies et tes chagrins d’amour. Ils se pointent d’on ne sait où et voilà que tu tombes à l’intérieur de toi, apparemment tout à fait seul. Mais c’est juste l’illusion du monde parce ton pied ne heurtera pas la pierre, ni le sol, ni même un nuage. Tu observes que tu es soulevé vers la Joie. Tu baignes dans la confiance que la Vie a en toi. Posé là, sans rien qui t’appartienne, entre dans le divin repos, la petite eau salutaire et laisse-toi bercer. Quand la petite eau a raison de toi, avec toute sa tendre puissance, elle te plonge dans la Grâce.

Par le bouillant, la tension et le feu, c’est comme cela que la Vie t’infuse. Puis vient la tendre puissance de l’Amour.

Laisse-toi faire.

Rappelle-moi l’Amour que je suis

Comment te sens tu ce matin à l’aube d’un nouveau commencement ? Une belle et parfaite éternité, toujours renouvelée, changeante, limpide et parfaite. Rien qui bouge, tout qui frémit. Sens comme cet air que tu respires est ta perfection tout autant que ta manne. Écoute, ça n’est pas toi qui respire. « Cela » respire à travers toi et tu n’y peux rien. C’est le Souffle qui s’occupe à te maintenir dans l’ordre du vivant. Tu en as peut-être fait une habitude, une normalité comme tu crois normal le printemps qui s’amène et l’amour de l’autre. Mais vois-tu rien n’est normal, tout est magie, don et puissance.

Comment te sens-tu quand la saison change, que l’été s’en va en te laissant tout seul ? Quelles pensées t’animent quand le fruit est acide et le manque insoutenable ? Y-a-t-il un bonheur encore possible dans le puits de la trahison, les crevasses du cœur, l’ère glaciaire et les douleurs polaires ?

A l’automne de ta vie, quand plus rien n’est pareil et que les enfants s’en vont, quand le corps s’amenuise, rien qu’un peu mais un peu tout de même, quand celui-là meurt qui avait juré d’être éternel, quand passent les soleils jour après jour sans te voir, que reste-t-il ?

Es-tu prêt à mourir ?

Quand je parle de mourir, je ne parle pas de cette minute inéluctable qui pointera en ton temps le bout de son aile. Je parle de la petite mort de ce qui, en toi, se prend pour l’auteur des saisons. La toute, toute petite personne, le minuscule personnage, sa tenue de camouflage et son imposante vanité, sa parure et ses paillettes. Voilà que ça brille dans le noir et que tu te prends pour une étoile. Hélas, ta clarté est bien faible et n’éclaire que ton propre aveuglement. Descends,s’il-te-plaît, de ta petite colline et reviens. Reviens vers ton ciel intérieur et ta terre ancestrale. Reviens vers ta nature première, à l’aube de la Création, quand tu étais l’Innocence et la Joie, oui, reviens vers toi. Entre et creuse plus profond, sous les couches de l’orgueil et la tentation du drame. Plonge, défais tes coutures, déchire tes croyances et tes drames. Rien n’est à toi, c’est juste une histoire que tu te racontes pour t’endormir. Pour oublier que tu es le grand vent et l’océan, la brise tout autant que la vague. Tu t’es perdu en chemin mais la Vie a, pour toi, semé ses petits cailloux. Sur la route, ils t’attendent et brillent dans le noir. Aux branches sont accrochés des lampions et des messages en papier, si doux, si doux, tendres à pleurer. Laisse aller, laisse aller, laisse tomber. Laisse tomber, oui, maintenant. N’attends pas une seule seconde et ne t’appuie sur rien d’autre que sur le mouvement de la Vie.

C’est comme une petite fleur à l’intérieur de toi venue d’une possible graine oubliée. Alors, quelque chose émerge et tu ne saurais dire, tu ne peux en parler. C’est un silence, et pourtant c’est aussi un son. C’est une flamme et pourtant c’est une incroyable fraîcheur. C’est comme une aube, ronde et laiteuse, et c’est aussi un noir immense et infini, une petite obscurité bienveillante. C’est le jaillissement de la Source, une incroyable et très pure rosée. C’est la Paix dans les décombres et la Force au milieu des colombes. C’est indicible et pourtant Ça veut se dire. Ça vient vers toi et se dépose tout au bord de ton Coeur en t’attendant.

Car Ça t’attend à chaque seconde, avec une patience, une bonté, un sourire immenses. Ça t’attend quand tu te lèves et quand tu te couches. Ça t’attend au milieu de toutes tes saisons, de toutes tes fêtes et de toutes tes fournaises. Ça t’attend dans tous tes cirques, tes histoires et tes petites parades. Ça t’attend dans les rues des cités, dans les heureuses parures des jardins et les cabanes abandonnées. Ça reste là, posé, tranquille, Ça a l’éternité pour se vivre et c’est tellement Présent que c’est maintenant. C’est maintenant et c’est aussi pour Toujours, c’est en fait à jamais et il n’y a rien de plus à en dire.

Tombé d’abord

Tu dois poser un genou à terre. Le genou de l’oubli proche du pardon qui n’est pas le pardon. L’oubli est comme une feuille qui se prépare à mourir. Tandis que le pardon ressemble au dernier soupir. L’un chute tandis que l’autre t’élève.

Bien sûr que tu veux les montagnes et les ciels et les fusées. Bien sûr que les grands arbres ont leur raison d’être, il n’y a rien à leur reprocher. Bien sûr, il y a les clochers au sommet des églises comme un salut bruyant et pompeux. J’aime les cloches, les tambours et les petites trompettes. Tout ça ressemble à des enfants bruyants dans la cour, qui se lâchent, s’amusent et s’attendent. Les petits enfants, oui, et les craies de couleurs comme de petits camions qu’on roule avec le doigt. J’aime le balancier du cloche-pied, toutes ces marelles qui vont de l’enfer jusqu’au ciel. Parce qu’après tout qu’est-ce que l’enfer si ce n’est l’orgueil même de la vie. Tandis que le paradis est à portée de main comme un rire de bébé.

Il y a un effondrement salutaire au pied des traumatismes et des pertes. Ce sont les lieux du cœur où tout nous lâche. C’est la petite mort intérieure quand le précieux se fait la malle pour un dernier voyage. Et tu regardes au loin le bateau qui s’en va. Et quand il disparaît tu sais que tu es mort. La vie est tombée à l’intérieur de toi, le vent souffle dans ton ventre comme entre les grands arbres. Et ça fait du silence et le temps est comme du petit lait, aigre et pisseux.

Poser un genou, plonger jusqu’aux coudes dans les grandes marées. Les grandes marées ont de l’élégance parce qu’elles nous rapportent ce que nous avons cru perdu. Les grandes marées sont comme le rire de Dieu dans les chagrins. Le rire de Dieu est comme le sourire de l’enfant consolé, il est ton plus beau souvenir au milieu des décombres. Il est le petit bateau que tu t’amuses à pousser sur les bassins dans les jardins dans les villes vers les océans vers les nuages et jusqu’à l’infini. Tout ça retombe sous forme de pluie en passant par les yeux, c’est un petit engrenage, une tromperie, un accessoire. La vraie vie va et vient. Et tu voudrais la sortir de ta tête, pousser le bateau dans le cyclone, le voir sombrer et faire semblant de rien. Mais quand le sol a roulé sous tes pieds, que la perte est insondable alors il ne te reste que ce genou que tu dois poser à terre. Car l’eau est imprévisible mais la terre est ferme. La terre est ronde et c’est déjà consolant. C’est une pensée qui fait du bien et que tu peux rouler jusqu’à ton coeur. La terre est bleue surtout dans les grands soirs et parfois aussi lors des petites aubes. Les petites aubes sont de grands spectacles. Bien sûr, elles n’ont pas le panache des aurores boréales ni la distinction des nuits de pleines lunes. C’est vrai. La petite aube est une grâce minuscule, c’est l’aune de l’amour quand il s’oublie. Les débuts des jours sont discrets, puissants et plein de tendresse. Ils s’adressent à tous ceux qui ne sont pas encore couchés et à tous ceux qui viennent d’arriver.

Tu dois garder l’espérance car l’espérance est ta seule boussole.

L’espoir n’est rien. L’espérance est tout.

Celui qui espère n’a plus rien à craindre de l’oubli et du mauvais vin. Il doit juste attendre qu’on le prenne par la main. Et c’est un geste tendre que de plier le genou à l’heure du dernier combat. C’est se faire tout petit. Le diable passera sans te voir et Dieu te mettra dans sa poche.

C’est là mon chant

Je voudrais que chaque petite chose de la vie soit une fête. Une foraine, une très grande, une incroyable noyade vers des eaux profondément amicales.

Je voudrais que chaque heure soit comme un petit bijou, un foulard de soie précieuse et tendre, enroulé autour de nos mains.

Je voudrais que chaque minute soit un battement de cils noirs et doux, du petit velours en mouvement, comme une aile de moineau.

Peut-être voudrais-tu le monde comme une fête mais les fêtes sont provisoires et le monde est vain.

Peut-être attends tu des voyages, du sable, une mer vivante et ronde pour que le monde tourne rond. Mais les voyages sont incertains et le monde se défait.

Nous voudrions que chaque jour soit une fête, oui. Un chapelet de toutes petites minutes posées comme des couleurs sur nos manteaux. Alors nos pas seraient sûrs, nos cœurs entiers et nous pourrions danser. Je mettrais mes froufrous et mon joli chapeau. Tu porterais ton bel habit, tu serais très beau. Nous vivrions tous dans des manèges tournoyants, le monde aurait enfin la tendresse que tu attends. Les enfants seraient nourris et les guerres emportées. Les flammes seraient pour les vivants plus que pour les morts. Il y aurait de la joie dans les enterrements car c’est encore la Vie qui te reprend.

Il faudrait que tu fasses de chaque instant une petite fête. Sans crier, discrètement. Tu me diras comment fêter la maladie, la soif et les tourments ? Comment passer de la lumière étincelante au blanchiment de l’aube ? Tu penseras qu’il faut être innocente, et très sûrement naïve, pour croire à l’azur quand passent les canons. Tu croiras sans doute à ce que tu vois seulement. Et ce que tu vois, c’est la misère, le doute et l’effroi. Les fins d’automne, le gel et les grands froids. Tu cours derrière la fin du monde, l’argent, de glorieuses mémoires et ton nom sur les rues. Tu cours après ton ombre. Nous laisseras-tu quelque chose, toi qui ne fait que passer ? Un geste héroïque ou un simple baiser ? Une prière, un chant, ou un petit bouquet ?

Il est impératif que tu fasses de chaque moment une grande fête incroyable. Ça n’est pas optionnel, c’est même obligatoire, si tu veux mourir en paix. Et même plus, si tu veux la Paix avant ta mort. Je veux dire si tu veux vivre. L’existence est monotone, incolore et médiocre si tu ne brûles pas.

Le quotidien est fade et brumeux si tu ne te réveilles pas.

Tu voudrais chaque jour comme une petite fête mais tu dors encore et ta souffrance est vive. Si tu descendais jusqu’à Toi, dans tes profondeurs, tu rencontrerais la pépite, la semence. Tu toucherais à l’origine du monde, à la résurrection du Verbe. Tu aurais l’intelligence. La sagesse en toi remplacerait la force et les combats. La Paix pourrait te trouver et peut-être nous aussi. La tendresse remplacerait la douleur et les tristesses s’éloigneraient. Tu les saluerais de loin, comme on salue celui dont on ne sait pas le nom.

Tu sortiras de l’enfer car l’enfer est sur la terre et le paradis est en toi. Viens et vois. Tu auras la victoire, les anges et la barbe à papa. Tu pourras tendre la main et nous prendre avec toi.

Quoi de plus simple, quand on y pense.

 

 

 

 

L’élégance du discernement

Si la Vérité doit te rendre libre, où la trouver ? Si l’Amour peut te donner des ailes vers quoi s’envoler ? Et si la Paix marche sous tes pas, comment la garderas-tu ?

Avant de revêtir tes habits de lumières, tes fragrances et tes paillettes, dis-moi quel air choisis-tu de respirer et de nous souffler au visage ? Parle-moi de ce qui remplit tes poumons à cet instant. Parce que si tu étouffes sous les faux-semblants et les mensonges de ta petite personne, ce que je respire de toi est sans oxygène. En même temps il est salutaire que tu ailles vers ce lieu profond où tu meurs à toi même. Tu devras laisser derrière toi les flaques, les eaux boueuses et les pensées mortifères, pour aller sur la montagne. Étonnamment, la montagne te ramènera à toi-même et te montrera la vallée. Dans un premier temps, tu oscilleras entre les deux. Et cette oscillation t’amènera la faveur de l’équilibre. Tu verras que la vie réelle n’est pas plus sur les hauteurs que dans les creux. Pas plus en haut qu’en bas. Tu te jugeras inapte et peut être inintéressant. Et tu auras, d’un certain point de vue, tout à fait raison. Parce que ce n’est pas ce que nous choisissons de voir en toi.

Ce que nous voulons voir, c’est l’or étincelant d’une puissante Conscience.

C’est la valeur de ton Etre quand il se relie à la Source suprême. C’est l’épanouissement de ta Joie quand tu te sais aimé absolument. C’est à dire sans conditions ni contraintes, sans terreurs ni doutes.

Ce que nous voulons voir en toi, c’est la tendresse de l’enfance qui s’amuse à tout imaginer et à le croire possible. C’est la puissance de l’innocence qui offre au monde une vulnérabilité qui n’est pas une plainte mais la reconnaissance du Bien.

Ce que nous croyons pour toi, tu dois le croire pour toi même et en cela, peut-être, tu te sentiras seul. Abandonné. Possiblement misérable. C’est parce que tu marches le nez pointé vers tes godillots sur la pourriture d’un chemin qui ne te convient plus. Alors tu lèveras les yeux vers le ciel et les étoiles te paraîtront inaccessibles. C’est toujours comme ça avec les étoiles. Lointaines, distantes, éblouissantes, elles tiennent l’homme occupé à d’incompréhensibles mystères trop grands pour lui. Et te voilà perdu dans cette obscurité animée d’inaccessibles lucioles. De nouveau tu oscilleras entre la terre et le nuage, la poussière et la pluie, la cendre et le ciel. Alors tu observeras que ce qui fait le lien entre le Haut et le Bas, le Paradis et l’Enfer, c’est l’Humain que tu es. Tu vivras l’écartèlement de la croix qui te porte en son centre. L’endroit où se relient les Mondes. L’endroit où tu assumes ton horizontalité en vue de te verticaliser. C’est le lieu de la Présence, le lieu de ton Essence. La seule et indicible souffrance qu’elle aura l’air de t’offrir n’est pas réelle. Elle est l’histoire que tu t’es racontée jusqu’à ce jour. Et comme la petite personne en toi tient à ses souffrances, elle croit encore que le Divin pourrait préférer la douleur à la Paix, le chagrin à l’Amour, le sang à la Joie, quand Il te ramène simplement à Toi-même. Le centre d’une croix, c’est la croisée du chemin. Ton chemin. Tantôt à gauche vers un passé qui n’est qu’une mémoire entretenue. Tantôt à droite vers un futur qui n’arrive jamais. Pour peu que tu continues de croire à la linéarité du temps.

Alors en bas, qui te rappelle où tu t’en va très certainement, la terre nourricière que tu iras nourrir. Et puis en haut, vers les paradis perdus ou possiblement conquis. Dans aucun de ces endroits tu ne pourras poser ta tête, car il n’y a là pas de repos possible. Ce sont de simples points cardinaux et tu crois que c’est vrai quand ça ne l’est pas. La Vérité se trouve au centre de toi-même, comme un lumignon qui fume parce qu’il semble éteint. Mais si tu as l’Inspiration de souffler dessus, le voilà qui s’allume pour éclairer ta route et ton âme. Personne ne peut l’éteindre et même Dieu ne le fait pas. C’est l’espace en toi porteur du Souffle de ton existence. De ta vie. C’est le silence profond où le battement de ton cœur est à l’unisson du battement de coeur de ta Source. C’est-à-dire de la Vie même. Un battement d’ailes seulement te sépare de ton Lieu Secret. Un Souffle. Possiblement, une simple respiration.

S’il-te-plaît, assieds-toi.