Ah ! si seulement vous vouliez bien me suivre et sauter dans ce beau dessin enchanteur avec moi. A nous les collines boisĂ©es, les arbres emplis dâoiseaux joyeux et virevoltants, les collines verdoyantes et la riviĂšre ondoyante. Ă vous, Ă moi, ces doux animaux comme nos nouveaux copains, tendres, attentionnĂ©s, quoi quâun peu bavards. Jâentends au loin la musique de ce manĂšge Ă©trange et colorĂ© qui nous attends. Allez ! Gambadons, amusons-nous, plongeons avec dĂ©lice dans ce rĂȘve chatoyant, la bouche encore collante, pommes dâamour et barbes Ă papa, guimauves et roudoudous. Quand soudain une main vous secoue vigoureusement et vous tombez du lit. Nous sommes lundi, il pleut et votre journĂ©e vous attend. Mais quâimporte. Aujourd’hui est un jour doublement bĂ©ni, incroyablement mirifique car, en ce jour, vous avez rendez-vous avec votre thĂ©rapeute prĂ©fĂ©rĂ©e, la plus incroyable câest sĂ»r, et la plus belle aussi. Du moins est ce que mon miroir me dit chaque matin quand je lâinterroge et lui dis « Miroir, mon beau, mon incroyable, mon sublime miroir, dis moi... « bref, vous connaissez la suite. Et mon miroir est comme moi, il rĂ©pond toujours, et ne fait jamais dĂ©faut. A nâimporte quelle heure du jour et de la nuit, que le soleil soit Ă son zĂ©nith ou bien mĂȘme endormi, que la nuit vous appelle ou vous porte Ă l’infini, je ne sommeille ni ne dors, moi qui vous garde.
Telle une Magicienne accueillante et fidĂšle, je dĂ©tiens les secrets, les potions et les sorts. Vos vies sont dans mes mains, je sais tout, je peux tout, et je ne mords pas. Pour chacune de vos questions, je dĂ©tiens la rĂ©ponse. Pour chaque blessure, lâonguent est dans la boĂźte, les herbes dĂ©jĂ coupĂ©es, la formule appliquĂ©e. Asseyez-vous et laissez-vous faire. Pleurez si vous voulez mais sans bougez dâun cil. Allez-y vous pouvez vous rĂ©pandre. Et dâun ton larmoyant atteindre le sublime. Le mĂ©lo est Ă lâhumain ce qu’est lâhuile pour la sardine. Il y baigne, il y plonge, il sây noie, câest la sortie dâusine. Pour un peu, il y croit. Il en perd son latin, sa clartĂ©, son cĆur et son estomac. Plus rien nâa dâimportance, il nâest que morve et que ruine. Dieu est mort et le monde l’oublie. Plus rien ne va, plus rien n’ira jamais. C’est dit, c’est acquis, rien ne peut ĂȘtre contredit. Jolie Mary, soyez “pop”, soyez “in”, soyez gentille. Ne dĂźtes rien qui me bouge, me dĂ©mange ou m’Ă©tonne. Jolie Mary, validez mes pensĂ©es, mes croyances, mes actions et mes tendances. Que je puisse Ă jamais sur votre tendre Ă©paule pleurer toutes les larmes de mon corps, de mon nombril, et plus si affinitĂ©. Ayez pitiĂ© de ma vie, et de ma petite Ăąme Ă jamais blessĂ©e. Je ne suis pas lĂ pour ĂȘtre sauvĂ©(e), me rĂ©veiller, voir avec clartĂ©. Je ne veux pas guĂ©rir, mais juste, s’il-vous-plaĂźt, ĂȘtre soulagĂ©(e). De mes maux, d’elle et lui, de l’ordure de mes regrets et de mes inconscientes puanteurs. Laissez-moi, jolie Mary, me rendormir pour un monde meilleur qui n’a pas besoin de moi. Laissez-moi rester l’ombre de moi-mĂȘme et de mon devenir. Je ne veux pas ĂȘtre responsable, de ma vie ou de mon chĂąteau de sable. Rendez-moi ma pelle, mon seau et ma petite bouĂ©e. Encore un peu de temps, et la mer va monter. Je veux avoir raison, je vous l’avais bien dit, je ne peux rien y faire. Puisque rien ne change tant que rien ne bouge, sachez que je suis innocent(e) Mes choix sont tordus, mes colĂšres excusĂ©es, j’attends que l’univers joue en ma faveur mĂȘme quand je me dĂ©teste. Je ne veux pas savoir que je suis aimĂ©(e) pour toujours et Ă jamais, que je ne suis ni mon corps ni mon mental, et que mes pensĂ©es mĂȘme ne sont pas toujours Ă moi. Je ne veux pas entendre que mes souffrances ne sont utiles qu’Ă mon rĂ©veil intĂ©rieur comme la boussole l’est au nord. Un indicateur que je ne suis sans doute pas au bon endroit. Ne parlez pas trop fort, ma Vie pourrait changer, mon coeur se pardonner. Je pourrais m’envoler, trouver la joie, le ciel, la libertĂ©. C’est trop me demander, laissez-moi m’en aller, je ne fais que passer.
Appelez-moi Mary Poppins.