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Le travail, nouveau champ de bataille

La course au profit et à la rentabilité, le manque d’humanité et de considération au sein des équipes, l’humiliation et les harcèlements apportaient déjà les drames au sein des entreprises et des familles. Nous aimerions pouvoir dire que les choses ont évoluées et que la société dans son ensemble s’est donnée les moyens de grandir. Hélas, la situation au travail est de pire en pire et l’actualité ne fait que la renforcer.

Devant cette vague qui ne concerne pas seulement la pandémie et ses conséquences mortifères, certains salariés sont entre la vie et la mort sur le lieu même de leur profession. Ce qui, autrefois, évoquait une activité rémunérée oscillant entre une vraie vocation et le simple besoin alimentaire, est aujourd’hui pour beaucoup un pur champ de bataille dont les salariés – cadres et non cadres – sortent rarement gagnants. Malgré cette belle idée du « win-win » qui nous voudrait tous vainqueurs et, à défaut, au moins suffisamment résignés pour arrêter le combat, « travailler » s’apparente aujourd’hui pour certains d’entre les humains à se mettre en danger psychique au risque d’y laisser sa peau. Devant tant de détresse, tous les professionnels de santé que nous sommes se mobilisent au mieux de leurs compétences – et elles sont nombreuses – pour accompagner ceux qui ont besoin d’écoute, de soin et de bienveillance.

La médecine du travail est en première ligne de ce terrible tsunami, suivie bien sûr de toutes celles et de tous ceux qui donnent leur temps et leur énergie à tenter d’adoucir et d’accompagner ce qui va nécessiter peut-être un changement de vie radical. Ou pas. En tout cas, une transformation intérieure du système de valeurs personnelles d’un être.

Car nous sommes dans une phase qui ne concerne pas seulement l’individu mais l’humanité toute entière. Après cette sorte « d’arrêt sur image » à laquelle nous avons pu assister en 2020, le monde tout entier semble aller vers le chaos et la déstructuration globale.

Le monde du travail n’échappe pas à cet autre monstre pandémique. Celui-là n’est plus caché sous notre lit : il semble bien vouloir nous dévorer tout cru s’y nous n’y faisons pas face avec courage.

Sur la terre comme au ciel

Je ne ferai ni vent ni bruit. La lande restera déserte et les oiseaux chanteurs muets. Ni vent ni bruit quand vient la fin. Juste un petit soleil qui d’abord s’est allumé, puis s’éteint. C’était un petit soleil de jour comme on en voit chaque matin. Un petit soleil pour une grande journée. Une journée de noce, une journée d’alliance. Je suis petite et Tu es fort. Et Tu es faible aussi, posé comme un poème dans le monde. Ton Coeur a le rythme de l’Amour quand il se donne justement pour ce monde là, qui ne tient plus compte de rien, qui bat la campagne pour quelques vanités et de petites chimères. Je suis légère et Tu es lourd, et très grand aussi. Il n’est pas facile de Te porter ni même de Te cacher. Ton sourire ressemble à un arbre qui penche, et Tes mains ont la force des mains de l’ouvrier, du travailleur, de l’occupé. Quand Tu marches, Ton pas reste certain, solide et tranquille. Tu sais où poser le pied, où porter Ton regard, avec des mains qui ressemblent au balancier du coeur. Tes yeux sont très sombres, et Ton regard est doux. Il est sombre et la Lumière aime à s’y promener. Je ne sais d’où vient cette lumière, sans doute du coeur du Père qui se promène avec toi et visite la terre. Tu amènes toutes les saisons de la vie, la naissance, la mort et les petites surprises du temps qui toujours passe. Ton vêtement est blanc, d’une blancheur crue et lavée, usée par le lavage du soleil et des pluies. Ton corps semble porter la terre entièrement et pourtant il me semble qu’un simple souffle pourrait le faire disparaître à jamais. Tu es d’ici et pourtant Tu n’en es pas. Tu passes et tous veulent te suivre. Tous veulent que tu les regardes, au moins une fois, pour se sentir vivants. Pour que leurs vies aient l’air de valoir quelque chose, avant de disparaître. Tous attendent une parole, de celles qui vous trouent un coeur, qui vous suspendent au ciel, pour n’en plus revenir.

Il ouvrira les bras

Nous étions comme un jardin sans eau, suspendus entre deux mondes. Asséchés, sans espoir de retour. Nous étions comme un arbre dans un sol abîmé. Nos feuilles avaient jaunies et la plupart étaient mortes, tombées avant même d’avoir porté du fruit. Et c’est dans cette Terre étrange qu’il nous a été demandé de vivre.

Et toi, tu ne veux pas rester là, pas plus y vivre qu’y mourir. Et pourtant, ils te demandent de chanter, de sourire et d’y mettre au monde tes enfants. Mais tes enfants non plus ne veulent pas de cette terre là, qui les détruit et les enterre. Tes enfants sont comme toi, ils veulent le Souffle encore plus fort que le petit oxygène que tu leur proposes. Ils veulent la Lumière qui ne meurt pas même lorsque je jour s’éteint.

Tes enfants sont comme toi, ils sont comme moi, les tiens comme les miens. Ils avaient une âme, un jour, et nous en avons perdu le souvenir. Ils avaient un joli cœur d’enfant, plein des beaux cadeaux qu’ils voulaient nous offrir. Aujourd’hui, leur âme est comme une plaie intérieure, et comment leur en vouloir puisque nous-mêmes avons vendu la nôtre?

Où sont passés tes dimanches, dis-moi, qu’en ont-ils fait ? Et toi, où as tu rangé tes photos, tous ces petits papiers d’un temps qui n’en n’a plus rien à faire de toi et de tes petites histoires. Tous ces disparus, partis sans laisser d’adresse au milieu des vivants et des morts, et tu ne les ramèneras pas. Tu dois les enterrer dans le Jardin en attendant les jours meilleurs d’une Vie Nouvelle. Et leur image ne sera plus jamais comme avant car ce que tu cherches à retenir n’existe pas. Ce n’est qu’un tout petit vent qui te ramène vers une joie semblable à la douleur qu’elle a laissée. Car la joie de ce monde, toujours entre deux eaux, toujours passagère, oui, elle est comme de l’eau. Une eau qui garde un peu de l’amertume qu’elle dépose, dans le sillage de ce qui ne revient jamais.

Nous sommes comme un jardin, suspendus entre deux Mondes. Notre feuillage ne fleurit plus et la douleur est là. Tout fait mal et tu ne sais pas pourquoi. Parfois, quelque chose s’allume et tu te souviens que tu n’es pas chez toi. Et tu sais que ton Chant ne peut s’épanouir sur une terre étrangère. Alors, il est temps pour toi d’entamer le chemin du retour. Mais sache que tu devras tout laisser derrière toi. Parce que c’est un chemin où traînent la Solitude et le Doute. C’est un Chemin qui cherche sa lumière, sa tendresse et sa route. Il y a cependant une Promesse que je peux te faire et qui te nourrira : ta Solitude n’est qu’illusion et le Doute le poison qui l’accompagne. Car Il se souvient de toi Celui qui ne sommeille ni ne dort aux portes des villes et du Coeur des Hommes. Alors, je sais que tu reprendras la harpe déposée sur la branche de l’Arbre. Tu te tiendras debout une bonne fois pour toutes. Et tes bras seront grands ouverts sur ce Monde agonisant, comme un Messie sur toutes les vies perdues des Hommes. Et c’est là, je le sais, que tu lèveras les yeux vers le Ciel.

Maintenant, commence à chanter.

Tout ce qui est mis en Lumière devient Lumière

J’ai marché sur Ses mains avant de marcher sur l’eau. J’allais avec le Coeur en avant et pourtant les ténèbres restaient consistantes et sévères. Depuis l’enfance et la naïve petitesse de l’Attente, je cherchais et je ne trouvais pas. Je cherchais dans le Monde, dans la lumière et les histoires. Je cherchais dans un autre la force et la solidité. Et, parfois, il est arrivé que cela soit bon et lumineux. Mais la fragilité t’explose en face car l’Ignorance est une bombe à retardement. Alors tu reprends ton chemin, et ton petit courage te porte sur la route. Et les jolies tendresses du Monde aussi. Un peu. Et de nouveau des voyages et des montagnes. Des attentes et des douleurs. Et puis vient la petite plaine, parce que la Vie sait être bonne. Tu bois à la fontaine d’un repos qui, pour être bien mérité, n’est pas encore certain. Il y a pourtant cette petite Eau Pure, ce calice vivant qui coule à l’intérieur de toi. Et tu ne sais d’où elle vient ni où elle va, car c’est le propre de l’Eau. Et c’est cette Eau qui te porte encore quand ton âme s’apparente à de la glace, au rude hiver d’une saison infernale. Et tu observes que tout le feu des enfers ne te réchauffe pas mais entretient ta souffrance. Et cette fausse lumière t’entraîne à croire que c’est là que tu dois vivre. C’est la puissance d’un mensonge qui n’éclaire que ton égo et te maintient dans l’illusion d’une damnation qui serait éternelle. Et quand je parle de l’enfer, je parle ici de cet endroit sur la Terre qui te porte. J’évoque le propre enfer qu’est l’oubli de toi-même et de ta puissance. Non pas une misérable puissance égotique, non pas le plus minuscule et le plus pathétique de ta personne. Non. J’évoque ta Lumière et le Silence des profondeurs. Car cette Lumière creuse un trou à l’intérieur de toi, aussi sûrement qu’elle apparaît chaque matin pour la Vie. C’est cette Lumière là que tu dois retrouver comme si ta vie en dépendait. Car tant que tu crois que tu n’as besoin de rien c’est que tu as mort. Et c’est pour te réveiller que la Vie t’ouvrira les bras afin que tout s’en aille de toi. Tes amours, tes biens, tes enfants, tes voyages et toutes tes histoires.

Enfin, tu seras devenu léger, l’Eau pourra te porter.

Le sourire du Silence

L’immobilisme gagne du terrain et ne devrait pas interférer avec la Vie. Tu ne dois pas te figer sous la peur qui est juste l’oubli de la Paix de ton Être.

Mais enfin qu’est ce que la vraie Vie, dis-moi ? Où sont nos magasins, nos boutiques et nos cafés ? Où sont nos emplois et nos bureaux ? Et puis aussi, où sont nos salaires ? Où est passé la santé pour nos enfants et le Souffle pour tous ceux qui ont souffert et s’en sont allés ? Mais enfin, nos désespoirs, nos chagrins, et si la Vie ne vaut rien qui a bien l’air par ici de ne plus rien valoir ?

À tout cela je ne peux répondre que par le Silence. Non pas un silence qui manquerait simplement du courage de vous répondre, mais un Silence intérieur. Un profond Silence qui pourrait bien s’étendre jusqu’à vous pour vous donner un peu de repos. Une pause, une suspension, ce ´Selah’ des hébreux entre certains Psaumes car même dans la prière il faut le temps de l’intériorité. Quelqu’un qui vous dit « Arrête et Écoute ». Dispose ton coeur. C’est le temps de la semence. Le temps nécessaire avant la moisson. Le temps de l’espérance et peut être de l’angoisse aussi pour certains. Cette angoisse, fausse pensée et projection du pire n’est pas la Pause. C’est le mensonge de l’âme posée sur son histoire ancienne, avec ses fausses croyances, ses idées amplifiées qui colorent ton regard et te coupent du Reel. La Croyance n’est pas la Connaissance.

L’Ame te coupe de l’Esprit, elle t’allonge au lieu de t’elever. Elle discute et sème un brouillard de pensées difficiles. C’est comme une brume sur ton Coeur, un ciel gris et pesant. Lève-toi et va vers la Clarté, la Pureté. Garde les yeux ouverts à l’intérieur de toi afin de ne pas te laisser embarquer par les mondes de l’Apparence et du Mensonge. Ne t’affale pas dans la résignation et la tristesse. Vois l’arbre et sa saison, les retrouvailles de son printemps après l’hiver. Quand tout se tait, tout est il mort ? Et même la mort n’est elle pas une autre forme que prend la Vie quand elle se tait ?

Je n’ai pas la réponse aux questions des questions. Ou plus exactement je n’aurai que la mienne. Il vous faudra trouver la vôtre, aller chercher la racine de votre arbre intérieur afin que vos branches portent du fruit. Il y aura des saisons, et des pierres autour de vos racines, et parfois vous devrez renoncer même aux fruits : tous ces fruits alléchants qui sont tous les désirs qui vous possèdent et vous poussent vers l’extérieur de vous même. C’est un temps pour aller vers vos racines, vos sombres rêves, vos négativités, pour approfondir l’enracinement qui permettra une éclosion naturelle. Résistez à la tentation du premier fruit et souvenez vous de cette histoire d’un Jardin que nous avons perdu.

La liberté intérieure demande de la patience et de la profondeur. En ce printemps magnifique qui nous émerveille dans sa floraison, en même temps qu’il vous rappelle au vivant, revenez vers la Source et les racines intemporelles de la Conscience. A La Présence même de l’Amour. L’Amour n’est pas sentimental, il ne colle pas aux doigts et n’attache personne. L’Amour est droit et souple, Il est la Puissance et la Clarté. Il est sans raison extérieur et sans la nécessité d’un autre pour être Là. Il est Lumière intense et claire, posée, vibrante. Il est nucléaire et souple, il est un enfant rieur, une pure explosion intérieure.

Cette explosion est un Feu, Il consume tout ce qui ne t’est plus nécessaire.

Cette clarté est comme une Eau, souple et toujours paisible, stable et tranquille qui ne peut te noyer.

Il est Toi dans le Jardin intérieur de la Conscience que tu Es. Il n’a ni commencement ni fin.

Sachant cela, tu peux sourire.

N’oubliez pas le printemps

La vraie liberté reste à voir. Ne pas se fier aux apparences reste un Don du Discernement. Bien sûr, les maladies et quelques autres contagions. Cependant, à défaut d’écouter le pire et de creuser vos plaies, vous passerez à côté de l’Essentiel. Bien sûr, ceux qui quittent et ceux qui restent : rien ne vous appartient, rien n’est à vous.

Il faudra bien partir de quelque chose, quelle qu’elle soit. Pour vous aussi, il y aura une porte, un départ, une fin annoncée. Ou très silencieuse. .

Aujourd’hui la Peur, l’Angoisse, frappent à la porte de vos Vies et ni vous, ni moi, ne pouvons rien à ce qui se promène. Peut-être. Cependant il vous reste le plus puissant : le choix que vous allez faire. Votre réponse est bien plus importante que l’événement. Parce qu’une chose est sûre, le printemps se fiche bien de la maladie, et même de la Mort. Le Printemps sait que la Mort n’existe pas, il est bien placé pour ça. Je peux même dire qu’il en a fait une spécialité. Ce matin tout nous revient du Jaune et du Violet. Le Mauve est à nos portes et les cerisiers sont blancs. Toute la Vie vous fait face. La vraie, profonde et joyeuse. Imputrescible.

Enfin, le Monde entier est logé au même endroit : sur la Terre. Ce Monde, tout entier, bat finalement à l’unisson. Du noir au blanc, du chinois à l’Afghan, du Bouddhiste au Musulman, tous égaux, tous unis sous la contrainte. Voilà qu’un hôte indésirable, invisible à l’œil nu, a fait plier la Terre entière. Dieu a de drôles de manière. Ou peut-être le Diable : vous choisirez votre camp.

Et puis ce Silence, ce merveilleux, cet incroyable Silence de la ville qui enveloppe la Fleur et l’Humain. Tout ce à quoi vous allez devoir faire face, de vous-même et de l’autre. Ah ! Quelle histoire ! Aucune fuite ne peut plus vous tordre et vous balader. Les binômes devront se parler et les familles se supporter. Quelle épreuve, quelle jolie farce du Vivant ! Les solitaires devront aller sur des chemins que, très souvent, ils choisissent d’ignorer : leur propre enfer personnel. Avec tout ça, la messe n’est plus possible et la kundalini attendra. Quelle merveille ! Même Netflix ne pourra vous sauver de cette incroyable contagion de la Vie qui vous pousse. Terriblement. Puissamment.

Tous vos Printemps sont à vos portes. Laissez fleurir.

Quand je pense à toutes ces prières, ces sadhanas, ces méditations. Toutes ces incantations, toutes ces danses, toutes ces larmes. Tous ces Evangiles, Coran et Bhagavad-Gita. Et voilà que, pour la première fois depuis que le Monde est Monde, nous sommes exaucés : enfin, nous ne faisons plus qu’Un. Prenez de la hauteur : un Ciel se déploie qui nous prend par surprise. Quand l’enfer est sur terre, c’est que le Paradis y est aussi : ils vont, inséparables, comme l’obscurité l’est de la Lumière, le chaud du froid, le blanc du noir. Personne, ici, n’a la main sur le sombre et la désolation soufflés par les vents contraires. Porter dans vos Cœurs tous ceux qui, en ce moment même, luttent et combattent, sous quelque forme que ce soit, ne doit pas se faire à la légère. Oui, ne soyez pas trouvés légers. La superficialité ne devrait rien avoir à faire dans vos vies : elle vous aveugle, et vous vous racontez des histoires inutiles,difficiles , qui ne sont que de la Mémoire entretenue, de la souffrance émotionnelle, sans doute le virus le plus addictif au monde. Et vous voilà malades de vous-mêmes. En réalité, confinés depuis bien longtemps dans votre histoire. Ah ! Voilà bien le moyen, enfin, d’en sortir et de crever l’abcès. Vous n’avez rien d’autre à faire dans les jours à venir. A part, peut-être, prendre soin de vous, et donc de l’Autre aussi. Prenez votre Etre à bras le Corps et faites-Lui confiance : il vous sortira de votre misère et de votre impuissance apprise, tous ces conditionnements avec lesquels vous vous détruisez.

Tous vos Printemps sont à vos portes. Laissez fleurir.

La Vie n’est pas un roman

Je pense à tous ces grands Êtres qui ont marché sur la Terre. Tous ces Esprits profonds, joyeux et tendres. De Jésus à Moise, de Bouddha à Krishna. Avec cette Joie d’Être comme le doux noyau du pépin avant sa germination. Quelque chose de Grand, quelque chose de Beau, vous a été révélé et très peu d’entre vous osent tendre la main vers le grand Fruit de la Réalisation. Il y a toutes ces circonférences, ces grands cercles d’hésitations et les mauvaises fréquentations. Tous ces regards portés vers cet œil noir et tordu d’un monde illusoire. Tous ces oublis de Soi et des autres font pencher la Vie du mauvais côté. Toutes les falsifications intérieures, les petits mensonges et les fausses identités vous mettent la tête à l’envers. Et voilà que le parfum de la Rose ne vous suffit plus. Ni la splendeur du grand Arbre. Ni même le Sourire du Petit. Il vous faut des « choses », et il vous les faut « grandes » et bien visibles. Dieu n’est plus dans le Caillou, mais le Diable reste dans votre chaussure. C’est le frottement de la Vie qui vous fait mal, vous ralentit et vous fait saigner. Alors vous sortez vos vieilles photos, les photos du temps où vous vous sentiez aimés. Du moins, un peu plus aimé que maintenant. Alors vous aviez une Mère, alors vous aviez un Père, un Frère peut-être, ou peut-être une Sœur. Vous les avez laissé derrière vous pour avancer plus légèrement. Vient le jour où cette légèreté vous pèse, les souvenirs vous remontent à la gorge et quelques larmes sur vous-même vous apportent de la fraîcheur, cette petite ondée de l’apitoiement sur soi. Vous oubliez que c’est vous qui, en secouant la poussière de vos chaussures, avez marché sur le Coeur de la Mère, le Coeur du Père, et possiblement aussi, sur les Cœurs des Frères et des Sœurs. Votre mémoire est très courte et vous vous êtes endormi. Nous attendons tous votre Réveil. Alors vos yeux s’ouvriront et peut-être, je dis bien peut-être, un Souffle nouveau émanera de vous et se souviendra du miel de la Vie. Enfin vous cesserez de vivre soumis, vous reviendrez vers le Réel, cette compréhension des choses cachées de l’univers : la Vie est Feu, L’Esprit est Lumière, et tout aspire à votre Beauté.

C’est dans le calme et la confiance que sera ta force

Avant d’atteindre le jour de ta présentation au monde, tu devras demeurer dans le désert. Et cette idée même peut déplaire au personnage que tu mets en scène tous les jours de ta vie. Je comprends que cela puisse froisser les ailes minuscules que tu t’aies fabriquées au fil du temps. Et quand je dis au fil du temps je parle de tous ces jours que tu as fait tiens depuis ta mise au monde. Car tu crois encore que tu es né quand tu ne fais que survivre, aux dépens de toi-même et des autres aussi. Et dans ta petite et possessive création, tu te crois maître des lieux. Tu tournes dans ton petit cercle de « pouvoir créatif » avec toutes tes prétentions de libération de toi-même et des autres. Et je crois bien que la Vie se moque bien de ta collection de petites images intentionnelles. J’irais même jusqu’à dire qu’Elle pourrait en rire si ce n’était pas si désespérant. D’un point de vue humain je veux dire. Car la Vie ne désespère jamais de toi, cela se saurait. Elle continue encore et encore de venir à toi avec une patience infinie et très tendre. Et la tendresse de l’Amour prend parfois des tournures soudaines qui nous paraissent inappropriées. Tu voudrais la petite comptine de l’enfance, la jolie boîte à musique censée t’offrir tout ton tas de jolis rêves. Et voilà que, parfois, c’est le tsunami de l’épreuve à laquelle tu crois pouvoir résister. Et le meilleur de l’histoire, c’est quand tu dis “ne pas vouloir y résister”, (je me dois de reconnaître que tu as bien appris ta leçon). J’observe que tu mets en place toute une stratégie intérieure et très humaine qui ne te mènera nulle part. Pas là, en tout cas, où tu crois vouloir aller. Les stratégies du Monde ne sont que de fausses lumières. Ton développement personnel est le médiocre chemin de compensation à toutes tes pertes. Bon, ce pourrait être un début (et je dis ça simplement parce que je ne veux froisser personne). Mais enfin, ne vois-tu pas que tu es perdu ? Perdu en toi-même, perdu avec les autres que tu n’arrives pas à comprendre parce que tu te connais si mal ? Tu poursuis une quête inutile qui est la quête du « moi-même » dans le Monde. Tu résistes à l’Amour qui pourrait bien te dissoudre. Laisse-moi corriger, qui très certainement te dissoudra. Mais cela, tu ne le veux pas. Tu veux poursuivre des rêves chimériques d’accomplissements personnels, romantiques, sexuels, financiers, artistiques, voyageurs et lointains, et quoi d’autre encore ? Tous ces accomplissements de toi-même te laisseront dans ton enfer. Ils sont inutiles et vains. Toute la souffrance du monde est là pour que tu t’en souviennes. Toute ta souffrance est là pour que tu ne t’endormes pas complètement. Voilà pourquoi tes boîtes à musique ne te seront d’aucune utilité. Elles sont la voix des trompeuses sirènes qui t’entraîneront vers le fond. Et toi, tu te laisses glisser avec délectation vers le sombre et l’oubli de ta merveilleuse Nature. Tu crois que tout ce qui brille, qui chante ou qui semble nouveau, a de la valeur. Tu es simplement très paresseux, tu laisses tomber à terre tout ce qui pourrait te sauver de ton « toi-même ». Et peut-être même, ici et maintenant, ce que j’essaie de te dire, cela aussi tu le laisseras passer. Et tu dis encore « je sais » quand je te dis cela, parce que tu n’as pas encore renoncé à ce qui, en toi, croit savoir : ton Ego spirituel est dangereux pour nous tous.

Ce « savoir » me montre simplement que tu es encore plein de toi-même et que tu n’as pas capitulé devant la Vie. Ou l’Amour. Ou Dieu. Tu feras ton marché avec les mots qui te conviennent (là encore, je ne voudrais reveiller personne). Comme tu as toujours fait, devant ce que tu ne comprends pas, ce que tu n’as toujours pas vu, et toujours pas entendu. Perdu tu es, perdu tu resteras jusqu’à ce que l’air devienne irrespirable ou manquant, jusqu’à ce que tu cesses de vouloir avoir raison pour justifier le mal chez l’autre, l’injustice chez toi, ô pauvre petite personne que tu es, ballottée par des flots incertains et de soudaines tempêtes personnelles. Et tu n’accomplis rien de ton Essence venue ici pour mettre fin à la misère intérieure de chacun. Tu te vis tantôt au sommet de la montagne et tu attends un brillant futur, un amour éternel, un fabuleux voyage. Puis tu te regardes sombrer dans les abysses. Avant de rebondir encore grâce à de pitoyables et fragiles montgolfières.

Bien sûr, les problèmes du monde, les injustices et les violences, mais tant que tu te croiras dans le camp des « bons » rien de ce que tu nous apportes ne viendra nous aider. Si seulement tu pouvais te taire, ton silence pourrait laisser passer la Lumière. Tu pourrais enfin ouvrir ton Coeur et tout laisser tomber. Capituler. Abandonner, enfin, ta petite et délicate « volonté personnelle «  de vouloir changer, t’améliorer. Il ne s’agit pas de t’améliorer : l’enfer, dois-je te le rappeler, est pavé de toutes tes bonnes intentions. Pourquoi vouloir arranger le médiocre et la petitesse ? Pourquoi vouloir garder l’illusion de pouvoir aimer vraiment ? D’où te vient cette idée bizarre que cela même est possible ? Les pâles qualités de ta petite personne que tu tentes à « vouloir développer » finiront bien par ressortir un jour sous ce vernis de piètre consistance que tu nommes « amélioration ».

Il suffit d’attendre.

Va dans ton désert et fais face, enfin, à ta souffrance, tes limitations et tes repères trompeurs. Tu verras, peut-être, que tout cela n’a pas d’autres origines que ta misérable condition sur cette terre. Tant que tu ne demandes pas Grâce, tu ne pourras pas en sortir. Chercher à l’extérieur de ton Coeur est le chemin de toutes tes désillusions. Il est à l’opposé même des retrouvailles que tu cherches.

Reviens à toi, apprends à pousser de l’intérieur plutôt que de repousser tout ce qui te dérange et que tu crois en-dehors de toi. (Note que j’apprécie ton sens de l’humour, mais celui-là risque fort de t’être préjudiciable).

Tes propres forces, aussi louables soient-elles, sont vouées à la mort. Il est temps.

Cesse d’alimenter ton mental à vouloir chercher des causes à tout ce qui t’arrive, des raisons à tout ce qui te pèse et deviens un Être courageux. Prends le chemin du retour. Car la souffrance n’est ni à vouloir, ni à accepter : elle est à vivre. Laisse-la te traverser, fais « corps » avec elle et plus rien ne fera obstacle à cet Amour que tu cherches puisque l’Amour, c’est Toi. Laisse circuler le Divin, le Plus Grand, le Plus Puissant. Alors tu pourras nous atteindre aussi. Laisse ta « personne » qui n’est personne, ton minuscule et pourtant très suffisant « moi » se retirer. Toutes tes défenses que tu justifies et qui nous détruisent : reconnaît-les. Définitivement. Renonce. Alors, tout en toi circule et revient à la Vie. Alors plus rien n’est à réparer puisque tout est nouveau et que tout en toi renaît.

Tu redeviens pour nous Dieu sur la terre. Et je redeviens pour toi Dieu sur la terre. Nous sommes tous ces Dieux intérieurs, reliés entre nous par la Grâce du Dieu Créateur des mondes. Cette Source qui nous porte avec son Souffle, celui-là même qui te permets à l’instant de respirer sans que tu y prêtes attention.

Reviens Te retrouver. Retrouve le calme et la confiance. De là naîtra ta Force, ta Paix. Toute la Clarté dont le Monde a besoin pour s’éveiller.

Sur ma route, chaque jour, une bougie s’ajoute

A toi la rose et tout ce qu’elle contient. Tu doutes et c’est comme abîmer la fleur de ta propre main. A toi, les jardins, les lendemains ne sont plus incertains. Bien sûr, la colère et le coup et peut-être aussi un peu l’amer. Bien sûr, la guerre sur ton propre rivage, la mer de ton coeur devenue sèche. Toutes ces vagues qui se prennent pour l’océan, il faut t’en amuser. Laisse faire et entre dans ton repos. Laisse faire, porté, enfin, par ces flots qui remuent et racontent des histoires. La tienne, la mienne. Ne vois-tu pas que ces histoires sont comme de petits enfants à prendre par la main ? Ne vois-tu pas que ces histoires sont minuscules au regard du souffle qui t’anime et d’ailleurs, y peux-tu quelque chose ? Tous ces petits contes intérieurs de l’enfance malheureuse, voilà le mal susceptible de t’emporter. Et sur ces manques d’amour, tous posés sur l’ignorance de tes proches, tu construis des châteaux, des donjons, et des douves pour la vengeance. Dans les cachots, tu enfermes l’ignorance, les cœurs mangés par leur propre peine. Crois-tu vraiment que l’intention de l’ennemi est consciente d’elle-même ? Ne vois-tu pas l’ombre de l’amour projetée sur la main qui te pousse ? Juste un oubli de soi et voilà la guerre qui commence. Mais enfin, avoir raison de l’autre, avoir raison tout court, pourquoi perds-tu ta Vie là-dedans ? N’en as-tu pas assez de te voiler la face sous l’argument que tu avances ? Et maintenant que tu as gagné, comment te sens-tu derrière ta petite victoire ? As tu apporté quelque chose dans ce monde difficile et presque entièrement consumé ? Réfléchis. Le mal pourrait-il, finalement, sortir d’un aveuglement à ta propre douleur ? Ces couches de peines dans ta gorge et tes poumons, ces noyaux et ces graines de chagrins dans tes intestins, tes petits trous intérieurs, tu pourrais choisir d’y mettre autre chose que des armes. Le guerrier ne doit pas être un soldat. Le soldat, c’est fait pour l’assujettissement. Le guerrier est là pour la mémoire de la Vérité. Son épée est tranchante pour le dévoilement de l’Amour. Car qu’est-ce que la Vérité si ce n’est le rappel à toi-même ? Ce que tu n’as pas oublié de ton Seigneur intérieur : le ciel bleu, les tendresses sans nuages. Souviens-toi, souviens-toi, avant d’abîmer la fleur et d’en accuser l’autre, ton proche comme celui que tu appelles « lointain », que rien n’est assez éloigné qui ne peut te revenir. Tu appelleras cela ton destin ou ta fatalité, mais vois que parfois c’est toi qui a semé. Y-aurait-il un autre mal que celui de ta propre ignorance ? Y aurait-il une autre dévastation sur la terre que celle de leurs inconsciences, incroyablement justifiées et portées par la volonté de gagner le monde ? Et gagner quoi, et sur qui ? Comment celui qui creuse un trou ne voit-il pas que c’est là sa propre tombe ? Comment ne comprend-t-il pas que la pierre revient sur celui qui la roule ? Pourquoi ne pas laisser tous ces combats se faire sans toi ? Tu me diras, je sais, que les fusils sont nécessaires à la lutte. Et je te réponds que même si la forme pourrait parfois te donner raison, quelle en est la finalité ? N’oublie pas que c’est toujours ta guerre intérieure à revendiquer ta propre justice, ici, qui assassine les enfants et fait pleurer les hommes, là-bas. Maintenant que tu sais que tu n’es jamais séparé du monde, que réponds-tu pour toi-même ? Irais-tu vers la consciente Lumière ou choisiras-tu l’ignorante Obscurité ?

Comprends que sur ta route, chaque jour, une bougie s’ajoute, qui pourrait bien être toi.

Pourquoi j’aime les pâquerettes

C’est dans l’air, paraît-il, ce goût des autres et de leurs petites histoires. Pas toujours très claires, les petites histoires. Venues de loin, souvent, c’est-à-dire de ce qui se fait passer pour du lointain. Parce qu’en fait rien ne vient jamais de loin mais plutôt du tout proche.

[Même si, très personnellement, j’aime aller loin et j’adore les avions. Et tout ce qui sert au mouvement. Mais surtout les avions. J’adore les traces qu’ils laissent quand je regarde en haut parce que je me dis que moi aussi je laisse ma trace en bas. Qui, à vrai dire, ne tient peut être pas plus longtemps que leur blanche et grise fumée. Tant pis. Ceux qui ont des yeux pour voir sauront de quoi je parle. Et ceux qui ont des oreilles pour entendre pousseront la chansonnette avec moi].

Je reviens à mon sujet. La pâquerette. Et pourquoi je les aime. D’abord, parce qu’elles sont plus rares qu’on ne le pense. Ensuite, parce que si tu les cueilles, elles meurent très vite. C’est une histoire d’appartenance. Tout ce que je veux saisir et garder pour moi est voué à mourir. L’amour, la joie, la tendresse et le rire. Tous ces petits pétales, ces fragiles pétillances sont pour le monde entier. Aussi je dois être attentive à ce que je fais. Même la manière dont je respire à son importance. La pâquerette est sensible à la manière dont tu respires, crois-le ou non. [Bien que je me permette de penser que ce serait bien que tu le crois]. Tu me diras sans doute que les roses et les chardons y sont sensibles aussi et tu auras raison. Sans compter tous les arbres, les torrents, les vallées et même la lune, en fait. Mais je sens que nous allons nous égarer et nous occuper de choses bien trop grandes pour nous. En tout cas pour moi. Je reviens avec une tendresse que j’espère visible vers la pâquerette.

La pâquerette « plante vivace de la famille des Asteracées » [si, tu pourras vérifier], elle me rappelle toi, elle me rappelle moi. Tu ne le sais pas, je m’en doute. C’est pour cela que je suis là. C’est une très grande et très majeure découverte qui ne sera hélas pas évoquée sur les médias aujourd’hui, sans cesse occupés de choses extrêmement importantes, des plus apparemment graves et tristes.

La pâquerette est rustique – si.. un peu… quand même …- bien qu’elle se fasse appeler « petite marguerite » ou « fleur de Pâques », par humilité. Une petite caractéristique qui pourrait sauver l’amour. Parfois. Et quand je parle d’humilité il n’est pas question de t’enfoncer dans la boue. Non. J’invoque une toute petite invocation de l’Etre à se souvenir d’où l’on vient.

A se rappeler que tu n’es pas le pétale mais le pistil, pas le soleil mais sa lumière. Et sa chaleur aussi quand tu prends quelqu’un dans tes bras. La pâquerette est fidèle à ce qu’elle paraît être. Pas de faux semblant. Elle ne se fait pas passer pour quelqu’un d’autre, ce qui est très reposant par les temps un peu orageux que nous traversons. Elle n’a pas l’élégance de la pivoine et son extatique floraison. Elle n’a pas la puissance du chêne et le snobisme de la rose. [Le Petit Prince en a fait l’expérience et moi j’aime ceux qui expérimentent la vie plutôt que d’en parler]. La pâquerette est comme un enfant qui joue. Moins susceptible que le coquelicot qui se laisse à peine approcher, moins éphémère que la jolie violette, elle n’émet pas plus d’odeur que de son. Mais la pâquerette sort toujours en famille et c’est peut-être ce qui fait sa force. [Pour ceux qui considèrent que la famille est une force dans la vie, et moi je dis que c’est un point qui reste toujours à débattre …]

J’aime la pâquerette qui pousse aussi aux pieds des hautes tours, dans les cités autant que dans les squares et les prairies.

J’aime la pâquerette, parfois minuscule et pourtant très aguerrie. Les inconscients l’écrasent sans même l’avoir vue et personne ne l’entend se plaindre. Pourtant, c’est très lourd l’inconscient planétaire, la maladie de l’ignorance et de l’[égo]centrisme. C’est très pesant si tu aimes les fleurs.

Et c’est douloureux quand tu bouges.

Toutes ces peurs, ces aveuglements, ces cœurs durs, font d’incroyables petits tambours, d’invraisemblables percussions qui font mourir la pâquerette et le cœur de l’Homme.

Sois vigilant.