Je ne ferai ni vent ni bruit. La lande restera dĂ©serte et les oiseaux chanteurs muets. Ni vent ni bruit quand vient la fin. Juste un petit soleil qui dâabord sâest allumĂ©, puis sâĂ©teint. CâĂ©tait un petit soleil de jour comme on en voit chaque matin. Un petit soleil pour une grande journĂ©e. Une journĂ©e de noce, une journĂ©e dâalliance. Je suis petite et Tu es fort. Et Tu es faible aussi, posĂ© comme un poĂšme dans le monde. Ton Coeur a le rythme de lâAmour quand il se donne justement pour ce monde lĂ , qui ne tient plus compte de rien, qui bat la campagne pour quelques vanitĂ©s et de petites chimĂšres. Je suis lĂ©gĂšre et Tu es lourd, et trĂšs grand aussi. Il nâest pas facile de Te porter ni mĂȘme de Te cacher. Ton sourire ressemble Ă un arbre qui penche, et Tes mains ont la force des mains de lâouvrier, du travailleur, de lâoccupĂ©. Quand Tu marches, Ton pas reste certain, solide et tranquille. Tu sais oĂč poser le pied, oĂč porter Ton regard, avec des mains qui ressemblent au balancier du coeur. Tes yeux sont trĂšs sombres, et Ton regard est doux. Il est sombre et la LumiĂšre aime Ă sây promener. Je ne sais dâoĂč vient cette lumiĂšre, sans doute du coeur du PĂšre qui se promĂšne avec toi et visite la terre. Tu amĂšnes toutes les saisons de la vie, la naissance, la mort et les petites surprises du temps qui toujours passe. Ton vĂȘtement est blanc, dâune blancheur crue et lavĂ©e, usĂ©e par le lavage du soleil et des pluies. Ton corps semble porter la terre entiĂšrement et pourtant il me semble quâun simple souffle pourrait le faire disparaĂźtre Ă jamais. Tu es dâici et pourtant Tu nâen es pas. Tu passes et tous veulent te suivre. Tous veulent que tu les regardes, au moins une fois, pour se sentir vivants. Pour que leurs vies aient lâair de valoir quelque chose, avant de disparaĂźtre. Tous attendent une parole, de celles qui vous trouent un coeur, qui vous suspendent au ciel, pour nâen plus revenir.
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Le sourire du Silence
Lâimmobilisme gagne du terrain et ne devrait pas interfĂ©rer avec la Vie. Tu ne dois pas te figer sous la peur qui est juste lâoubli de la Paix de ton Ătre.
Mais enfin quâest ce que la vraie Vie, dis-moi ? OĂč sont nos magasins, nos boutiques et nos cafĂ©s ? OĂč sont nos emplois et nos bureaux ? Et puis aussi, oĂč sont nos salaires ? OĂč est passĂ© la santĂ© pour nos enfants et le Souffle pour tous ceux qui ont souffert et sâen sont allĂ©s ? Mais enfin, nos dĂ©sespoirs, nos chagrins, et si la Vie ne vaut rien qui a bien lâair par ici de ne plus rien valoir ?
Ă tout cela je ne peux rĂ©pondre que par le Silence. Non pas un silence qui manquerait simplement du courage de vous rĂ©pondre, mais un Silence intĂ©rieur. Un profond Silence qui pourrait bien sâĂ©tendre jusquâĂ vous pour vous donner un peu de repos. Une pause, une suspension, ce ÂŽSelahâ des hĂ©breux entre certains Psaumes car mĂȘme dans la priĂšre il faut le temps de lâintĂ©rioritĂ©. Quelquâun qui vous dit « ArrĂȘte et Ăcoute ». Dispose ton coeur. Câest le temps de la semence. Le temps nĂ©cessaire avant la moisson. Le temps de lâespĂ©rance et peut ĂȘtre de lâangoisse aussi pour certains. Cette angoisse, fausse pensĂ©e et projection du pire nâest pas la Pause. Câest le mensonge de lâĂąme posĂ©e sur son histoire ancienne, avec ses fausses croyances, ses idĂ©es amplifiĂ©es qui colorent ton regard et te coupent du Reel. La Croyance nâest pas la Connaissance.
LâAme te coupe de lâEsprit, elle tâallonge au lieu de tâelever. Elle discute et sĂšme un brouillard de pensĂ©es difficiles. Câest comme une brume sur ton Coeur, un ciel gris et pesant. LĂšve-toi et va vers la ClartĂ©, la PuretĂ©. Garde les yeux ouverts Ă lâintĂ©rieur de toi afin de ne pas te laisser embarquer par les mondes de lâApparence et du Mensonge. Ne tâaffale pas dans la rĂ©signation et la tristesse. Vois lâarbre et sa saison, les retrouvailles de son printemps aprĂšs lâhiver. Quand tout se tait, tout est il mort ? Et mĂȘme la mort nâest elle pas une autre forme que prend la Vie quand elle se tait ?
Je nâai pas la rĂ©ponse aux questions des questions. Ou plus exactement je nâaurai que la mienne. Il vous faudra trouver la vĂŽtre, aller chercher la racine de votre arbre intĂ©rieur afin que vos branches portent du fruit. Il y aura des saisons, et des pierres autour de vos racines, et parfois vous devrez renoncer mĂȘme aux fruits : tous ces fruits allĂ©chants qui sont tous les dĂ©sirs qui vous possĂšdent et vous poussent vers lâextĂ©rieur de vous mĂȘme. Câest un temps pour aller vers vos racines, vos sombres rĂȘves, vos nĂ©gativitĂ©s, pour approfondir lâenracinement qui permettra une Ă©closion naturelle. RĂ©sistez Ă la tentation du premier fruit et souvenez vous de cette histoire dâun Jardin que nous avons perdu.
La libertĂ© intĂ©rieure demande de la patience et de la profondeur. En ce printemps magnifique qui nous Ă©merveille dans sa floraison, en mĂȘme temps quâil vous rappelle au vivant, revenez vers la Source et les racines intemporelles de la Conscience. A La PrĂ©sence mĂȘme de lâAmour. LâAmour nâest pas sentimental, il ne colle pas aux doigts et nâattache personne. LâAmour est droit et souple, Il est la Puissance et la ClartĂ©. Il est sans raison extĂ©rieur et sans la nĂ©cessitĂ© dâun autre pour ĂȘtre LĂ . Il est LumiĂšre intense et claire, posĂ©e, vibrante. Il est nuclĂ©aire et souple, il est un enfant rieur, une pure explosion intĂ©rieure.
Cette explosion est un Feu, Il consume tout ce qui ne tâest plus nĂ©cessaire.
Cette clarté est comme une Eau, souple et toujours paisible, stable et tranquille qui ne peut te noyer.
Il est Toi dans le Jardin intĂ©rieur de la Conscience que tu Es. Il nâa ni commencement ni fin.
Sachant cela, tu peux sourire.
Câest tout ce que jâai, câest tout ce qui restera
Tiens, voilĂ lâautomne. LâĂ©tĂ© est mort, bien quâil traĂźne encore un peu. Il est comme ceux qui font semblant dâĂȘtre vivants et se fabriquent des illusions. Il reste encore un peu de flamboiement intĂ©rieur Ă ceux qui voyagent. Les grandes Ă©tendues, les dĂ©serts et les froids intĂ©rieurs tâĂ©loignent de ta maison. Ils racontent des histoires, Ă leur façon. Et tu ne vas nulle part : câest juste un changement de saison. Hier encore, ta chaleur Ă©tait vivante et douce, et voilĂ que le vent te cogne encore. Tu pourrais tâaffaler, la Vie a toujours mille façons de te pousser. Mais ça nâest pas si simple et mourir nâest pas donnĂ© Ă tout le monde.
Toi, tu ne veux pas grandir, tu veux juste profiter du soleil. Toi, tu crois que tu es celui qui sait tout quand tu ne connais rien. Tu accumules les petites images, comme dâautres les couvertures, en prĂ©vision des grands froids. Mais la mort nâa rien de polaire. La mort est tendre, intrĂ©pide et brĂ»lante. Je ne parle pas ici de la fin du souffle qui tâa Ă©tĂ© donnĂ©. Jâinvoque tes incantations, les inutiles souffrances qui tâaniment. Les pertes, les trahisons et les mauvais cafĂ©s. Les petits sanglots, les noyades et les petits glaçons.
Tu penses que tu ressembles Ă ce que tu vois dans la glace, matin aprĂšs matin. Et bien sĂ»r, cela nâest pas tout Ă fait faux. Il y aura toujours tes cernes, tes yeux pĂąles et tes petits cheveux. Petit. Petit. Tout est toujours petit dans ton monde. Et si le diable est dans les dĂ©tails, tu ferais bien de tâen souvenir. Petit, lâenfant et son vĂ©lo rouge. Petit, le bĂ©bĂ© dans la neige. Petit, le vieillard au bout du chemin. Petite, la bague qui tient la promesse. Petite, petite, ton attente des jours Ă venir. Tu pourrais ouvrir les bras, avec Ă©lĂ©gance, grandeur et belles dispositions. Mais tu prĂ©fĂšres te diminuer, rapetisser et peut-ĂȘtre disparaĂźtre. Et te voilĂ minuscule. Une tĂȘte dâĂ©pingle. Un petit bout dâhomme qui ne veut pas plier. Et que le ridicule ne tue pas, permets-moi dâen douter. Douter de ton intelligence, ton discernement et ta capacitĂ© Ă revenir vers nous. Et si Dieu vit en toi, ne reste quâĂ Le trouver. Tu ne fais pas beaucoup de place Ă la Vie et ton coeur sâest encore dĂ©placĂ©. La LumiĂšre tâa cherchĂ©e et tu as reculĂ©.
Colchiques dans les prĂ©s, fleurissent, fleurissent. Tu aimes les jolis poĂšmes et les jolies femmes et les jolis ciels. Quand il tâarrive de lever les mains, câest pour ne pas tomber. Il faut dire que ta derniĂšre chute nous a coĂ»tĂ© cher. ChassĂ©s du Paradis, ça nâest pas moins que rien. Mais câest bien plus que ce que nous pouvons supporter.
Aux portes de lâEden, qui tâouvrira ? Qui sâengagera pour toi ? Le Ciel se fiche bien de tes imperfections, de tes doutes et de ton double menton. Ne sais-tu pas que tu finiras par ĂȘtre oubliĂ© ? Le Ciel nâattend que toi, et quand je dis « toi », je devrais prĂ©ciser : la taille du costume ne fait rien Ă lâaffaire. Mourir avant de mourir, voilĂ le chemin. Mourir Ă tes petites histoires, tes projections et tes diaporamas. Mourir Ă tes croyances, tes plaies et tes fausses rĂ©alisations. Quoi que tu fasses, petite aussi sera ta derniĂšre demeure. Absences et grains de poussiĂšre, telles seront tes derniĂšres crĂ©ations.
Alors moi je dis : câest quand tu te sens seul que tu dois te retrouver. Nulle part oĂč aller et rien Ă attendre. La terre tourne sur elle-mĂȘme, ce monde ne peut rien te donner. Mais si tu acceptes la mort dont je te parle, tu renaĂźtras de tes cendres. Tu seras fort, invincible. Tu seras solide, fiable et puissant. Tu seras beau comme un soleil et rayonnant dâun amour vrai. Tu flĂ©chiras encore sous les coups de lâami, la dĂ©ception et la trahison de ton frĂšre. Un genou Ă terre, tu croiras Ă la dĂ©faite et peut-ĂȘtre Ă la peur. Et mĂȘme cette idĂ©e-lĂ aura fait son temps. Tu ne confondras plus lâillusion de la forme, les conditionnements et les programmations, avec le vivant de ton Ătre. Tu seras le Magicien quâattendent ceux qui ne se connaissent pas encore.
Je nâai que lâEssentiel Ă te donner, et câest un petit morceau de ciel que tu pourrais bien accepter.
Parce que câest tout ce que jâai, câest tout ce qui reste.
Rappelle-moi lâAmour que je suis
Comment te sens tu ce matin Ă lâaube dâun nouveau commencement ? Une belle et parfaite Ă©ternitĂ©, toujours renouvelĂ©e, changeante, limpide et parfaite. Rien qui bouge, tout qui frĂ©mit. Sens comme cet air que tu respires est ta perfection tout autant que ta manne. Ăcoute, ça nâest pas toi qui respire. « Cela » respire Ă travers toi et tu nây peux rien. Câest le Souffle qui sâoccupe Ă te maintenir dans lâordre du vivant. Tu en as peut-ĂȘtre fait une habitude, une normalitĂ© comme tu crois normal le printemps qui sâamĂšne et lâamour de lâautre. Mais vois-tu rien nâest normal, tout est magie, don et puissance.
Comment te sens-tu quand la saison change, que lâĂ©tĂ© sâen va en te laissant tout seul ? Quelles pensĂ©es tâaniment quand le fruit est acide et le manque insoutenable ? Y-a-t-il un bonheur encore possible dans le puits de la trahison, les crevasses du cĆur, lâĂšre glaciaire et les douleurs polaires ?
A lâautomne de ta vie, quand plus rien nâest pareil et que les enfants sâen vont, quand le corps sâamenuise, rien quâun peu mais un peu tout de mĂȘme, quand celui-lĂ meurt qui avait jurĂ© dâĂȘtre Ă©ternel, quand passent les soleils jour aprĂšs jour sans te voir, que reste-t-il ?
Es-tu prĂȘt Ă mourir ?
Quand je parle de mourir, je ne parle pas de cette minute inĂ©luctable qui pointera en ton temps le bout de son aile. Je parle de la petite mort de ce qui, en toi, se prend pour lâauteur des saisons. La toute, toute petite personne, le minuscule personnage, sa tenue de camouflage et son imposante vanitĂ©, sa parure et ses paillettes. VoilĂ que ça brille dans le noir et que tu te prends pour une Ă©toile. HĂ©las, ta clartĂ© est bien faible et nâĂ©claire que ton propre aveuglement. Descends,sâil-te-plaĂźt, de ta petite colline et reviens. Reviens vers ton ciel intĂ©rieur et ta terre ancestrale. Reviens vers ta nature premiĂšre, Ă lâaube de la CrĂ©ation, quand tu Ă©tais lâInnocence et la Joie, oui, reviens vers toi. Entre et creuse plus profond, sous les couches de lâorgueil et la tentation du drame. Plonge, dĂ©fais tes coutures, dĂ©chire tes croyances et tes drames. Rien nâest Ă toi, câest juste une histoire que tu te racontes pour tâendormir. Pour oublier que tu es le grand vent et lâocĂ©an, la brise tout autant que la vague. Tu tâes perdu en chemin mais la Vie a, pour toi, semĂ© ses petits cailloux. Sur la route, ils tâattendent et brillent dans le noir. Aux branches sont accrochĂ©s des lampions et des messages en papier, si doux, si doux, tendres Ă pleurer. Laisse aller, laisse aller, laisse tomber. Laisse tomber, oui, maintenant. Nâattends pas une seule seconde et ne tâappuie sur rien dâautre que sur le mouvement de la Vie.
Câest comme une petite fleur Ă lâintĂ©rieur de toi venue dâune possible graine oubliĂ©e. Alors, quelque chose Ă©merge et tu ne saurais dire, tu ne peux en parler. Câest un silence, et pourtant câest aussi un son. Câest une flamme et pourtant câest une incroyable fraĂźcheur. Câest comme une aube, ronde et laiteuse, et câest aussi un noir immense et infini, une petite obscuritĂ© bienveillante. Câest le jaillissement de la Source, une incroyable et trĂšs pure rosĂ©e. Câest la Paix dans les dĂ©combres et la Force au milieu des colombes. Câest indicible et pourtant Ăa veut se dire. Ăa vient vers toi et se dĂ©pose tout au bord de ton Coeur en tâattendant.
Car Ăa tâattend Ă chaque seconde, avec une patience, une bontĂ©, un sourire immenses. Ăa tâattend quand tu te lĂšves et quand tu te couches. Ăa tâattend au milieu de toutes tes saisons, de toutes tes fĂȘtes et de toutes tes fournaises. Ăa tâattend dans tous tes cirques, tes histoires et tes petites parades. Ăa tâattend dans les rues des citĂ©s, dans les heureuses parures des jardins et les cabanes abandonnĂ©es. Ăa reste lĂ , posĂ©, tranquille, Ăa a lâĂ©ternitĂ© pour se vivre et câest tellement PrĂ©sent que câest maintenant. Câest maintenant et câest aussi pour Toujours, câest en fait Ă jamais et il nây a rien de plus Ă en dire.
Jour aprĂšs jour, je viens Ă ta porte
Il te faudra de la vigilance lorsque que tu ouvriras un livre rangĂ© depuis trĂšs longtemps. Il a Ă©tĂ© posĂ© lĂ , dĂ©placĂ© peut-ĂȘtre, dâune Ă©tagĂšre Ă lâautre. Il a fait partie de tes choix de vie tout autant, ce que tu as gardĂ©, ce que tu as jetĂ©, tous ces dĂ©cisions que tu as dĂ» prendre durant la traversĂ©e. Tu en as sacrifiĂ© quelques uns Ă la sortie de lâenfance et tu en as sanctifiĂ© dâautres qui nâĂ©taient pas Ă toi. Tu les as reçus, ils sont encore lĂ tandis que tes aimĂ©s sâen vont, taillant la route par leur absence. Quâils soient morts ou plus simplement partis, ils tâont quittĂ©. Et le livre est un don de reconnaissance, une pensĂ©e qui sâattarde au bord du coeur et des yeux. Ta main le saisit sur lâĂ©tagĂšre et ta mĂ©moire se renouvelle. Lâouvrir avec dĂ©licatesse est un hommage aux disparus. Il y a lĂ une attention trĂšs tendre et peut-ĂȘtre un peu inquiĂšte. Parfois il ne contient rien dâĂ©tonnant, ce sont de simples feuilles calligraphiĂ©es qui racontent des histoires. Et cette histoire pourrait ne plus tâintĂ©resser. Il arrive cependant quâen feuilletant le papier quelque chose surgisse qui nâĂ©tait pas prĂ©vu. Une carte postale datant du temps oĂč nos mĂ©moires Ă©taient encore offertes par des mains dâhommes et de femmes. Une lettre absolument oubliĂ©e Ă cause de la douleur, une photo pimpante et ensoleillĂ©e dâun paysage marin ou dâune cathĂ©drale, une petite photomaton laide et grise, te sautent au-travers des yeux jusquâau cĆur. Nâoublions pas la fleur sĂ©chĂ©e, souvenir dâune grand-mĂšre ou dâun joli-cĆur, tartines et chocolat, le petit Casino avant la plage, les bretonnes marĂ©es, « la plage sous les pavĂ©s » comme on disait alors.
Tes mémoires sont de si jolies poupées russes !
Chaque livre est un ouvrage, une boßte aux trésors, une malle de voyage. Chaque livre est aussi un coffre-fort, une cage fermée.
Ton existence est onirique et les oiseaux sont au ciel. Parfois la photo est vivante, le paysage incroyable et tous les gens sont beaux. Incroyablement et trĂšs parfaitement prĂ©sents, avec leurs visages tout ouvert et leurs regards droits devants vers nous. Celui qui fixe le temps, celui qui pose, celui qui regarde, tous ces petits mondes ne font quâun. AlignĂ©s, tellement vivants, câest la PrĂ©sence. La magie de lâinstantanĂ© quand il devient CrĂ©ateur. Quelques secondes et vous voilĂ Ă©ternels. Le mythe dâIcare sans la malĂ©diction, lâenvolĂ©e sans la chute, lâeau forte dâun peintre inconnu.
Parfois câest la carte ou la photo qui tombent. Tout ça chute sur le sol et câest imprĂ©visible. VoilĂ quâune Vie glisse Ă terre. Une date, une signature et quelques mots comme de petites flammes, une brĂ»lure douloureuse, un torrent, une tempĂȘte. Ou peut-ĂȘtre une douceur, voyelles et consonnes enfin rĂ©unies, des bonbons disparus, du sucre collĂ© au fond de la mĂ©moire pour garder le cĆur. Ah ! Reçois le don des larmes comme la reconnaissance de la trace laissĂ© par lâauteur. Laisse-toi traverser par la grande Ă©motion qui vient maintenant Ă©clairer toute la GrĂące que tu avais choisi dâignorer. Laisse-toi porter, oui, car les grandes ailes du pardon sont pour toi. Laisse-toi prendre Ă la petite ficelle de la mĂ©moire, aucun lien nâest brisĂ©, tout est toujours Ă©ternel. Entre les « vivants » et les « morts », les « vivants » et les « vivants », tout est toujours lĂ , Ă portĂ©e du Souffle. La carte, la photo dans le livre, le livre dans la bibliothĂšque, la bibliothĂšque dans la maison, la maison sur le territoire, les frontiĂšres installĂ©es, tout ira en sâeffaçant.
Essaie de ne pas lâoublier.
Tes choix de vie te regardent, je veux dire quâils te regardent en face et tâinterrogent. Ta mĂ©moire nâest rien, ton souvenir est lĂ©ger. Tout sâen va vers une tendre poussiĂšre.
Aussi, je te demande, quelle trace marquera le pas de ton chemin pour celui qui te suit ?
Petit baume pour le cĆur
Partageons nos inaccessibles. Le monde Ă refaire et qui vous fait de lâombre. Toutes vos Ă©lucubrations personnelles, vos infĂąmes tendresses ou que vous croyez telles. Les petites histoires, les dĂ©faites et les victoires. Les instantanĂ©s qui perdurent au lieu de disparaĂźtre.
Partageons nos rencontres, celles oĂč elle vous aime et celles oĂč il vous tue. Parlons de vos Ă©changes, les vĂŽtres, les miens, avec les autres, toujours les mĂȘmes. Le monde tourne en rond, allons nous coucher. Demain sera une belle et souveraine journĂ©e, une autre encore, et tout ira bien. Il nây a lĂ plus rien Ă craindre, rien qui nous dĂ©range. Prenez la vie du bon cĂŽtĂ©, celui qui vous fait plaisir, pour un bel avenir. Et quand vient le rĂ©veil, la Conscience de votre Ă©ternitĂ©, il vous faudra fleurir avant de nous quitter. Câest important, câest la trace de la feuille tombĂ©e de lâarbre, du vent quand il palabre. Nâoubliez pas que vous ne pourrez jamais nous quitter tout Ă fait. Bien sĂ»r le visage disparaĂźt dĂ©jĂ et vous ne sentez plus la douceur de lâĂ©treinte et du parfum. Cependant il y a dans le cĆur un bel espace oĂč nous pourrions vous faire une place.
Quand tu tournes sur toi-mĂȘme aussi vite que possible câest parce que tu crois que tu pourrais tâenvoler, dĂ©coller et creuser les nuages. HĂ©las, tu as beau lever les yeux aussi loin que tâemmĂšnent tes aurores borĂ©ales, la terre ne cesse de te creuser une fin prochaine. Tant dâefforts pour si peu de bien. Je sais, parce que câest absolument certain, que nous devrons tous poser nos armes, nos petits jouets et revenir Ă la maison.
Laisse-moi penser que cette douce saison viendra Ă rĂ©unir tous ceux qui sâaiment.
Et quand le temps viendra, car il viendra, aussi sĂ»rement que le ciel sera bleu, je veux ĂȘtre celle qui te fermeras les yeux.