La course au profit et Ă la rentabilitĂ©, le manque dâhumanitĂ© et de considĂ©ration au sein des Ă©quipes, lâhumiliation et les harcĂšlements apportaient dĂ©jĂ les drames au sein des entreprises et des familles. Nous aimerions pouvoir dire que les choses ont Ă©voluĂ©es et que la sociĂ©tĂ© dans son ensemble sâest donnĂ©e les moyens de grandir. HĂ©las, la situation au travail est de pire en pire et lâactualitĂ© ne fait que la renforcer.
Devant cette vague qui ne concerne pas seulement la pandĂ©mie et ses consĂ©quences mortifĂšres, certains salariĂ©s sont entre la vie et la mort sur le lieu mĂȘme de leur profession. Ce qui, autrefois, Ă©voquait une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e oscillant entre une vraie vocation et le simple besoin alimentaire, est aujourdâhui pour beaucoup un pur champ de bataille dont les salariĂ©s – cadres et non cadres – sortent rarement gagnants. MalgrĂ© cette belle idĂ©e du « win-win » qui nous voudrait tous vainqueurs et, Ă dĂ©faut, au moins suffisamment rĂ©signĂ©s pour arrĂȘter le combat, « travailler » sâapparente aujourdâhui pour certains dâentre les humains Ă se mettre en danger psychique au risque dây laisser sa peau. Devant tant de dĂ©tresse, tous les professionnels de santĂ© que nous sommes se mobilisent au mieux de leurs compĂ©tences – et elles sont nombreuses – pour accompagner ceux qui ont besoin dâĂ©coute, de soin et de bienveillance.
La mĂ©decine du travail est en premiĂšre ligne de ce terrible tsunami, suivie bien sĂ»r de toutes celles et de tous ceux qui donnent leur temps et leur Ă©nergie Ă tenter dâadoucir et dâaccompagner ce qui va nĂ©cessiter peut-ĂȘtre un changement de vie radical. Ou pas. En tout cas, une transformation intĂ©rieure du systĂšme de valeurs personnelles dâun ĂȘtre.
Car nous sommes dans une phase qui ne concerne pas seulement lâindividu mais lâhumanitĂ© toute entiĂšre. AprĂšs cette sorte « dâarrĂȘt sur image » Ă laquelle nous avons pu assister en 2020, le monde tout entier semble aller vers le chaos et la dĂ©structuration globale.
Le monde du travail nâĂ©chappe pas Ă cet autre monstre pandĂ©mique. Celui-lĂ nâest plus cachĂ© sous notre lit : il semble bien vouloir nous dĂ©vorer tout cru sây nous nây faisons pas face avec courage.